Métrique en Ligne
HRV_1/HRV41
Henriette HERVÉ
DILECTION
1925
CHANTS DE PALESTINE
J'AI OUVERT A MON BIEN-AIMÉ,
MAIS MON BIEN-AIMÉ S'ÉTAIT RETIRÉ
Dans l'ombre de la nuit je m'étais endormie, 12
Voici que mon cœur seul veillait… 8
Il entendit ta main écarter les œillets 12
Du treillis, et ta voix dire : « Ma grande amie, 12
5 Ma sœur, ô toi ! mon jardin clos, 8
Viens m'ouvrir et fais-moi partager ton repos… 12
C'est pour toi que ce soir j'ai quitté la montagne ; 12
Ne pouvant rompre tes liens, 8
J'ai laissé mes brebis à la garde des chiens, 12
10 Mais en chemin la solitude m'accompagne… 12
Je suis le captif qui s'enfuit 8
Sachant bien que sa chaîne, il l'emporte avec lui ! 12
Tu m'as ravi la paix ! Donne au moins en échange 12
De cette fièvre de mon gang 8
15 Le nectar capiteux de ta douce vendange ! 12
Et, puisque ton regard a déchiré mon flanc, 12
Que le dictame de ta bouche 8
Et le miel de ta langue adoucissent ma couche ! 12
J'ai marché bien longtemps, pour venir jusqu'à toi, 12
20 Sur l'herbe des sentiers étroits, 8
Et la trop courte nuit sera presque passée… 12
J'ai traversé les marais fleuris de lotus, 12
Ma tête_ est pleine de rosée… 8
Ouvre ! ma sœur ! Ne me fais pas attendre plus ! » 12
25 De mon lit je réponds : « O toi qu'aime mon âme ! 12
Je ne veux pas t'ouvrir encor… 8
Attends, prolonge un peu cet émoi de nos corps, 12
Ce tremblement profond dont notre chair s'enflamme, 12
Fermente, ainsi que d'un levain… 8
30 Ah ! laisse-nous souffrir de ce désir divin ! 12
Tu vois, mon bien-aimé, tu vois que pour te plaire, 12
J'ai fardé mon visage étroit, 8
J'ai dépouillé ma robe, et le lien qui resserre 12
Mes tresses sur ma tempe, est un ruban d'orfroi… 12
35 Mon lit est couvert d'écarlate 8
Brodé de fils d'Égypte, aspergé d'aromates… 12
Maintenant t'ouvrirai-je ? O mon cher bien-aimé ! 12
Tu ne verrais plus ton royaume… 8
Ma lampe baisse, et je ne sais la ranimer… 12
40 Et puis mes pieds sont oints d'aloès et de baumes, 12
Le cinabre a teint mes talons, 8
Je ne peux les souiller au sol de ma maison… 12
Mais je ne t'entends plus… le rire m'abandonne… 12
Je vais t'ouvrir, mon cher époux ! 8
45 … Et sous l'auvent obscur, je ne trouve personne… 12
Aux garnitures du loquet, sur le verrou 12
Tes mains ont bien versé la myrrhe 8
Suivant l'usage, ô toi ! que mon âme désire ! 12
Mais je t'ai fait attendre et tu t'es retiré, 12
50 Et ma vie est près d'expirer, 8
Car, malgré mon appel, le vent du Sud n'apporte 12
Que l'odeur de la nuit où se fanent les foins, 12
Mais mon amour ne répond point, 8
Et je mouille de pleurs tout le seuil de ma porte ! 12
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
55 As-tu, dans la ruelle ouverte au siroco, 12
Perçu le bruit de mes sanglots ? 8
Qui sait !… Mais tu revins ! Et m'ayant regardée, 12
Tu pris, très doucement, mon front entre tes doigts… 12
Je dis : Seigneur !… c'est toi… c'est toi !… 8
60 …L'aurore paraissait sur les monts de Judée… 12
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