CHANTS DE PALESTINE |
J'AI OUVERT A MON BIEN-AIMÉ, MAIS MON BIEN-AIMÉ S'ÉTAIT RETIRÉ |
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Dans l'ombre de la nuit je m'étais endormie, |
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Voici que mon cœur seul veillait… |
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Il entendit ta main écarter les œillets |
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Du treillis, et ta voix dire : « Ma grande amie, |
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Ma sœur, ô toi ! mon jardin clos, |
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Viens m'ouvrir et fais-moi partager ton repos… |
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C'est pour toi que ce soir j'ai quitté la montagne ; |
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Ne pouvant rompre tes liens, |
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J'ai laissé mes brebis à la garde des chiens, |
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Mais en chemin la solitude m'accompagne… |
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Je suis le captif qui s'enfuit |
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Sachant bien que sa chaîne, il l'emporte avec lui ! |
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Tu m'as ravi la paix ! Donne au moins en échange |
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De cette fièvre de mon gang |
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Le nectar capiteux de ta douce vendange ! |
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Et, puisque ton regard a déchiré mon flanc, |
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Que le dictame de ta bouche |
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Et le miel de ta langue adoucissent ma couche ! |
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J'ai marché bien longtemps, pour venir jusqu'à toi, |
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Sur l'herbe des sentiers étroits, |
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Et la trop courte nuit sera presque passée… |
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J'ai traversé les marais fleuris de lotus, |
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Ma tête_ est pleine de rosée… |
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Ouvre ! ma sœur ! Ne me fais pas attendre plus ! » |
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De mon lit je réponds : « O toi qu'aime mon âme ! |
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Je ne veux pas t'ouvrir encor… |
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Attends, prolonge un peu cet émoi de nos corps, |
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Ce tremblement profond dont notre chair s'enflamme, |
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Fermente, ainsi que d'un levain… |
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Ah ! laisse-nous souffrir de ce désir divin ! |
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Tu vois, mon bien-aimé, tu vois que pour te plaire, |
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J'ai fardé mon visage étroit, |
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J'ai dépouillé ma robe, et le lien qui resserre |
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Mes tresses sur ma tempe, est un ruban d'orfroi… |
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Mon lit est couvert d'écarlate |
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Brodé de fils d'Égypte, aspergé d'aromates… |
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Maintenant t'ouvrirai-je ? O mon cher bien-aimé ! |
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Tu ne verrais plus ton royaume… |
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Ma lampe baisse, et je ne sais la ranimer… |
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Et puis mes pieds sont oints d'aloès et de baumes, |
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Le cinabre a teint mes talons, |
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Je ne peux les souiller au sol de ma maison… |
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Mais je ne t'entends plus… le rire m'abandonne… |
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Je vais t'ouvrir, mon cher époux ! |
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… Et sous l'auvent obscur, je ne trouve personne… |
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Aux garnitures du loquet, sur le verrou |
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Tes mains ont bien versé la myrrhe |
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Suivant l'usage, ô toi ! que mon âme désire ! |
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Mais je t'ai fait attendre et tu t'es retiré, |
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Et ma vie est près d'expirer, |
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Car, malgré mon appel, le vent du Sud n'apporte |
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Que l'odeur de la nuit où se fanent les foins, |
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Mais mon amour ne répond point, |
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Et je mouille de pleurs tout le seuil de ma porte ! |
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As-tu, dans la ruelle ouverte au siroco, |
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Perçu le bruit de mes sanglots ? |
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Qui sait !… Mais tu revins ! Et m'ayant regardée, |
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Tu pris, très doucement, mon front entre tes doigts… |
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Je dis : Seigneur !… c'est toi… c'est toi !… |
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…L'aurore paraissait sur les monts de Judée… |
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