Métrique en Ligne
HRV_1/HRV40
Henriette HERVÉ
DILECTION
1925
CHANTS DE PALESTINE
LE PRESSOIR DES OLIVES
Il faisait presque obscur dans l'antique pressoir 12
Quand je me suis penchée à la porte entr'ouverte… 12
Mais dans l'ombre odorante et chaude ou pouvait voir 12
La lourde roue en bois presser la pulpe verte 12
5 Des olives dans le cuvier ; et lentement 12
Elles rendaient leur suc, ainsi qu'un clair flot d'ambre 12
Qui venait ruisseler jusqu'au sol par instant, 12
Sous l'effort continu de tes reins qui se cambrent… 12
Et tu marchais le front baissé,. les bras tendus, 12
10 Pressant à chaque tour l'onctueux résidu. 12
… Je ne t'ai pas parlé… mais_ j'ai vu ton visage, 12
Qu'une lampe de cuivre éclairait faiblement 12
Tu souriais… Moi, je rêvais, en m'en allant… 12
J'aperçus dans la nuit un nouveau paysage 12
15 Où je ne trouvais plus les contours familiers 12
Des champs et des vallons… Et du flanc des collines. 12
S'exhalaient des, parfums plus doux, et les palmiers 12
Chantaient plus tendrement au vent qui les incline, 12
Et les rossignols répondaient… Et l'univers 12
20 Était fertile et beau sous un grand ciel très clair 12
Où le char de David faisait briller ses roues 12
…J'ai croisé plus d'un couple, amis ou fiancés… 12
Mais leurs yeux éperdus et leurs mains qui se nouent 12
Tenaient moins de bonheur que mes doigts enlacés 12
25 Qui ne portaient qu'un souvenir ! Sous les yeuses 12
J'ai pu passer près des amants, sans un regret, 12
‒ Ils étaient réunis, j'étais seule, c'est vrai, ‒ 12
Mais je t'aimais, je t'avais vu, j'étais heureuse… 12
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