Métrique en Ligne
HRV_1/HRV20
Henriette HERVÉ
DILECTION
1925
SUIVANT L'HUMEUR DES JOURS
SI VOUS L'AVIEZ VOULU
Si vous l'aviez voulu nous pouvions être heureux. 12
Nous pouvions, à la vie accordant notre rêve, 12
Fouler le sol ingrat mais contempler les cieux 12
En suivant enlacés le chemin qui s'achève. 12
5 Nous n'aurions pas tenté d'atteindre à la splendeur 12
D'un impossible accord entre nos destinées, 12
Mais nous connaîtrions l'entente de nos cœurs 12
Et la profonde paix de l'âme abandonnée. 12
Nous oublierions notre âge et que nos pieds sont las 12
10 D'avoir, dans les ronciers et les dures épines, 12
Trop longtemps cheminé pour gravir la colline… 12
L'amour, à tout jamais, allègerait nos pas. 12
Ensemble nous irions. Nos cours, fervent et sages, 12
Ménageant un bonheur si longtemps attendu, 12
15 Ne se blesseraient pas à scruter nos visages, 12
Contents de la douceur d'être enfin confondus. 12
Dites, est-il trop tard ?… La route monte encore 12
Mais nous serait meilleure au revers du coteau… 12
Le soleil qui décline a des rayons plus chauds 12
20 Et les feux du couchant sont plus beaux que l'aurore ! 12
Venez… Sur votre épaule appuyez mon front lourd, 12
Appuyez votre bras aux courbes de ma taille, 12
Et que toute parole inutile défaille 12
Quand vos yeux plongeront dans mes yeux, mon amour… 12
25 Et nous parviendrions au terme de la route 12
Dans la sérénité d'un soir sans lendemains, 12
Nous étant affranchis des craintes et des doutes 12
Et du tourment passé rien qu'en joignant nos mains. 12
Aussi, quand nous verrions les ifs du cimetière 12
30 Profiler près de nous leurs ombres funéraires, 12
Tranquilles, nous irions nous étendre au tombeau, 12
Car la mort ne serait que le champ du repos. 12
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