Métrique en Ligne
HAR_2/HAR97
Edmond HARAUCOURT
L’Âme nue
1885
I
LA VIE EXTÉRIEURE
LES LOIS — LES CULTES — LES FORMES
LES FORMES
LES FAIBLES
À JOSEPH BERTHO
Je n’ai d’amour au cœur que pour ceux qu’on torture, 12
Les tout petits enfants de l’immense nature 12
Qui vivent dans l’ennui, la tristesse ou l’effroi ; 12
Ceux qui n’ont pas de nid, le soir, quand il fait froid, 12
5 Qui tremblent dans le vent et gîtent sous la neige ; 12
Les faibles, ceux qu’on tue et que nul ne protège 12
Et dont le bon soleil lui-même est ennemi ; 12
Qui n’ont que la douceur d’avoir un peu dormi 12
Lorsqu’il faut s’éveiller encor pour vivre, et vivre… 12
10 Aussi, lorsque l’hiver met des robes de givre 12
Sur les troncs d’arbres noirs et les brins d’herbe roux, 12
Je rêve d’être un dieu paternel, grave et doux, 12
Qui pourrait, en faisant refleurir les pervenches, 12
Être aimé des oiseaux qui glissent sous les branches. 12
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