Métrique en Ligne
HAR_2/HAR63
Edmond HARAUCOURT
L’Âme nue
1885
I
LA VIE EXTÉRIEURE
LES LOIS — LES CULTES — LES FORMES
LES CULTES
UN POÈTE
Égoïste rêveur qui rythmait des sanglots, 12
Il s’écoutait pleurer pour chanter sa torture, 12
Mais jamais le soupir qui sort de la nature 12
Ne vibra dans son cœur orgueilleusement clos. 12
5 Amantes, il scandait vos douleurs et vos los : 12
Sa poésie avait son remords pour pâture ; 12
Il chantait, redressant sa superbe stature, 12
Et ses strophes avaient l’ample douceur des flots. 12
Comme un lac d’harmonie où les peuples vont boire, 12
10 Son vers se déroulait dans l’orgueil de sa gloire, 12
Et sa vie impassible et lente s’achevait. 12
Mais lorsqu’elle sonna, l’heure du vrai martyre, 12
Lorsqu’un vrai désespoir s’assit à son chevet, 12
Grand dans sa douleur grande, il mourut sans rien dire. 12
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