Métrique en Ligne
HAR_2/HAR105
Edmond HARAUCOURT
L’Âme nue
1885
II
LA VIE INTÉRIEURE
L’AUBE — MIDI — LE SOIR
L’AUBE
ROMANCE
— Les vierges fleurs, ouvrant leurs minces corsets verts, 12
Se roulaient dans l’amour du soleil, nonchalantes. 12
Elles disaient : « Qui donc a parfumé tes vers ? » 12
Mais je n’ai pas voulu me confesser aux plantes. 12
5 — La lune miroitait sur le crêpe des flots 12
Comme un collier d’argent sur un torse de veuve. 12
L’eau chantait : « Vers qui donc descendent tes sanglots ? » 12
Mais je n’ai pas voulu répondre aux voix du fleuve. 12
— Les astres clignotaient dans un brouillard subtil, 12
10 Pareils à des regards souriant sous les voiles ; 12
Leurs yeux interrogeaient : « De quels yeux rêve-t-il ? » 12
Mais je n’ai pas voulu te nommer aux étoiles. 12
Car j’ai fermé ma lèvre et mon cœur aux aveux ; 12
Et doive mon secret me peser plus encore, 12
15 Je saurai le garder pour toi seule, et je veux 12
Que rien ne sache, au monde, à quel point je t’adore ! 12
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