Métrique en Ligne
HAR_2/HAR103
Edmond HARAUCOURT
L’Âme nue
1885
II
LA VIE INTÉRIEURE
L’AUBE — MIDI — LE SOIR
L’AUBE
ROMANCE
— Je t’aime ; et l’on a ri d’entendre nos sanglots : 12
Mais ainsi qu’un lotus descend sur l’eau qui coule, 12
Je suivrai mon destin, le cœur et les yeux clos. 12
Si tu m’aimes un peu, que m’importe la foule ? 12
5 — Je t’aime ; et j’ai perdu ton sourire et ta voix : 12
Mais comme des parfums vers un dieu qu’on encense, 12
J’élève mes regards aux astres que tu vois. 12
Si tu m’aimes toujours, que m’importe l’absence ? 12
— Je t’aime ; et mon amour a su beaucoup souffrir : 12
10 Puis, un autre viendra, vous me serez ravie, 12
Mais j’en souffrirai tant que j’espère en mourir. 12
Si vous ne m’aimez plus, que m’importe la vie ? 12
— Je t’aime ; et quand j’irai, près de ceux qui sont morts, 12
M’endormir dans la nuit sans fin où tout retombe, 12
15 Qu’on jette où l’on voudra les restes de mon corps ! 12
Si tu n’y pleures pas, que m’importe la tombe ? 12
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