Métrique en Ligne
HAR_2/HAR100
Edmond HARAUCOURT
L’Âme nue
1885
I
LA VIE EXTÉRIEURE
LES LOIS — LES CULTES — LES FORMES
LES FORMES
LE VIEUX CHRIST
À ÉDOUARD D’OTÉMAR
Très loin, sous la falaise aux murs profonds et droits, 12
Le vent berce le cri vespéral des macreuses ; 12
La lande rousse endort ses ornières ocreuses 12
Que le soleil couchant fait saigner par endroits. 12
5 Seul, vers le ciel morbide où des nuages froids 12
Traînent avec ennui leurs masses douloureuses, 12
Debout dans l’herbe rare et les roches lépreuses, 12
Un Christ exténué tend ses deux bras en croix. 12
Son socle crevassé sort d’une fondrière ; 12
10 Et lui, penchant son front lassé de la prière, 12
Comme pour être deux se regarde dans l’eau : 12
Mais l’onde, dont son œil scrute en vain les mystères, 12
Ne lui montre au miroir que son propre tableau 12
Et l’immense douleur des âmes solitaires. 12
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