Métrique en Ligne
GRS_1/GRS9
corpus Pamela Puntel
Charles GRANDSARD
L'ANNÉE MAUDITE
1870-1871
1871
AVRIL
Peux-tu bien, ô soleil ! réchauffer notre terre 12
Et prodiguer la vie à ses robustes flancs, 12
Raviver les couleurs de son riche parterre, 12
Et gonfler ses bourgeons de sève ruisselants ! 12
5 Peut-elle bien aussi, l'aubépine embaumée, 12
De sa neige odorante argenter les buissons, 12
Et les petits oiseaux cachés sous, la ramée 12
Égayer la forêt de leurs vives chansons ! 12
Et toi, Nature ! Et toi ! la riche broderie 12
10 Que pose sur ton front Avril, le doux charmeur, 12
Peux-tu bien t'en parer avec coquetterie ! 12
Peux-tu sourire encor, quand la France se meurt ! 12
Je t'aimais, ô Nature ! et de quelle tendresse ! 12
Et, dès mes jeunes ans, mes deux plus chers souhaits 12
15 Étaient de vivre en toi, perfide enchanteresse, 12
De mourir sur ton sein… Maintenant j-e te hais ! 12
Oui ! je hais ton zéphir qui murmure et qui passe 12
La chanson de l'oiseau, le parfum de la fleur, 12
Tout ce rayonnement d'ivresse dans l'espace, 12
20 Parce que ton ivresse insulte à ma douleur ! 12
Quoi ! la terre des preux, cette terre bénie 12
Qui fit luire pour tous l'aube de meilleurs jours, 12
Qui longtemps éclaira le monde à son génie, 12
S'incline vers la tombe… et tu souris toujours !… 12
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