Métrique en Ligne
GRS_1/GRS20
corpus Pamela Puntel
Charles GRANDSARD
L'ANNÉE MAUDITE
1870-1871
1871
SOUVENIR
Quand je veux retremper mon âme endolorie, 12
Quand le flot des douleurs monte et va me noyer, 12
Que, sous le poids des maux dont souffre la patrie, 12
Je me sens faiblir et ployer, 8
5 Je pense à toi, ma forte Alsace, au cœur si brave, 12
Au front toujours si fier sous le joug écrasant ; 12
Et je me sens renaître ; et de nouveau je brave 12
Les amertumes du présent ! 8
Quand je soupçonne, avec une indicible transe, 12
10 Que le patriotisme en moi semble baisser, 12
Que dans mon cœur, auprès de l'amour de la France, 12
Un autre amour vient se glisser, 8
Je pense encore à toi, que brûle au fond de l'âme 12
De cet amour sacré la généreuse ardeur ; 12
15 Et la mienne, soudain, réchauffée à ta flamme, 12
Chasse une honteuse tiédeur ! 8
Quand l'aspect du présent contriste ma pensée, 12
Et me fait renier l'espoir de meilleurs jours, 12
Quand la divine foi, dans mon âme affaissée, 12
20 Semble s'éteindre pour toujours, 8
Je pense encore à toi, qui poursuis sans relâche 12
Quelques lueurs d'espoir dans l'ombre du tombeau ; 12
Et la foi, dissipant le doute bas et lâche, 12
En moi rallume son flambeau ! 8
25 Ainsi, le souvenir de ta mâle vaillance 12
Est pour moi comme un baume,, une forte liqueur 12
Que j'aime à savourer aux jours de défaillance, 12
Pour me réconforter le cœur ! 8
Si la France oubliait jamais ton héroïsme, 12
30 Et ta fidélité dans ses jours de douleurs, 12
Elle mériterait, par un tel égoïsme, 12
L'excès même de ses malheurs ! 8
Si le Dieu juste et bon trompait ton espérance, 12
Et dans ton âme.ardente à jamais refoulait 12
35 Ton Vœu de revenir au giron de la France, 12
Il ne serait plus ce qu'il est ! 8
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