Métrique en Ligne
GLA_1/GLA20
Albert GLATIGNY
Le Fer rouge
1870
XX
HÉROS DE L'EMPIRE
À Lahire, à Turenne, à Villars, à Marceau, 12
À ces vaillants de France, héroïque faisceau 12
De cœurs purs, de bras fort et de natures fières, 12
À tous ces fronts baignés d'éclatantes lumières, 12
5 À tous ces preux sans peur que la patrie en deuil 12
Montre encore à l'Europe avec un mâle orgueil, 12
À Bayard, à Kléber, à toute cette gloire 12
Dont les rayons divins éblouissent l'histoire, 12
L'empire maintenant oppose ses héros. 12
10 Comme la République, il a des généraux 12
Dignes de lui, roulant du grotesque à l'obscène : 12
Mac-Mahon à Sedan venant jouer la scène 12
Où Scapin de Géronte escroque le pardon ; 12
Leboeuf, ce matamore épique, ce dindon 12
15 Qui glousse et fait la roue au bord d'une tinette ; 12
Failly, le bien nommé ; Fleury, le proxénète ; 12
Canrobert, ce bandit au langage poissard ; 12
Le pion du petit Bonaparte, Frossard ; 12
Boyer… que sais-je encor ? J'en passe, et des plus sales, 12
20 Pour qui Toulon trop plein manque de succursales. 12
Mais l'orgueil de ce règne incroyable, celui 12
Qui résume en lui seul les hontes d'aujourd'hui, 12
Auprès de qui, sortant radieux de sa fange, 12
Palikao produit presque l'effet d'un ange, 12
25 C'est Bazaine ! Ce nom peut-il s'écrire encor ? 12
Ô dieux ! De quel égout ce gueux chamarré d'or 12
Est-il sorti ? Dis-nous, France qu'il a trahie, 12
Sur ta terre sacrée à cette heure envahie, 12
Oh ! Dis-nous quelle chienne errante l'a mis bas ? 12
30 Et tu croyais en lui ! Tu lui tendais les bras, 12
Tu lui confiais Metz, la joyeuse pucelle, 12
Dont le regard hardi conservait l'étincelle 12
Qu'on vit jaillir des yeux en feu du balafré ! 12
Ô passé glorieux en un jour engouffré ! 12
35 Dans le bagne historique on voyait, comme une ombre, 12
Errer déjà Bourbon, le connétable sombre, 12
Derrière qui, honteux, s'effondraient les palais 12
Où ce lâche, plus vil que les derniers valets, 12
Avait, rien qu'une nuit, posé sa tête infâme. 12
40 Dans le cercle entouré d'une infernale flamme, 12
Où se tordent tous ceux qui portent pour blason 12
La pancarte où le juge écrivit : « Trahison, » 12
Bourbon a maintenant un compagnon de chaîne : 12
Il s'endort, chaque soir, à côté de Bazaine. 12
45 C'est le même argousin qui les mène au travail. 12
Et là-bas, — effrayant, lugubre épouvantail, — 12
Maximilien mort vient à pas lents, écarte 12
Le suaire sanglant, et montre à Bonaparte 12
Livide de terreur, stupide et déjà vert, 12
50 Sa poitrine trouée et son crâne entr'ouvert ! 12
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