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C'est toi, chère exilée ! Oh ! Laisse que j'adore |
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Ta figure divine où rayonne l'aurore, |
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Ô république, amour vivace de nos cœurs ! |
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La fosse où, dix-huit ans, de sinistres vainqueurs |
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T'ont murée, est ouverte, et tu viens, souriante, |
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Claire étoile aux rayons de qui tout s'oriente ! |
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Les tombeaux ne t'ont rien laissé de leur pâleur ; |
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Tu viens la lèvre fière et le visage en fleur, |
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Tes beaux cheveux au vent, comme en quatre-vingt-douze, |
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Dire au monde : « ouvre-moi tes bras, je suis l'épouse, |
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Je suis la fiancée ! Aimons-nous ! Nous allons |
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Par le bois, par la plaine et par les noirs vallons |
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Épouvanter encor ceux qui me croyaient morte. |
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Nous allons retrouver la France libre et forte, |
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Dont le regard, hâtant les lenteurs du berceau, |
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En tirait ces enfants sacrés, Hoche et Marceau ! |
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Les rois font leur métier en vendant la patrie ; |
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Nous la leur reprendrons, toujours belle, inflétrie. |
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Nous balaîrons encor ces louches majestés, |
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Ces demi-dieux poussahs, aux doigts ensanglantés, |
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Qu'on appelle césars, rois, empereurs, que sais-je ? |
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Le sol redeviendra vierge comme la neige |
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Des glaciers éternels, partout où nous aurons |
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Fait retentir le chant triomphal des clairons ! |
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Oh ! Lorsqu'on entendra mon rire de gauloise, |
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Ce rire dont l'éclat printanier apprivoise |
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Les lions du désert, comme l'espoir joyeux |
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Rentrera dans les cœurs sombres et soucieux, |
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Et comme on redira follement sous les chênes : |
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Les tyrans sont vaincus, l'homme n'a plus de chaînes ! » |
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Oui, c'est toi ! C'est ta voix pure qui, ce matin, |
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A réveillé l'écho de son timbre argentin. |
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Oh ! Je doutais ! En proie à l'angoisse mortelle ; |
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Nous demandions depuis si longtemps « viendra-t-elle ? » |
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Hélas ! Nous t'attendions si désespérément, |
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Que nous disions : « encore un songe qui nous ment ! » |
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C'était bien toi pourtant, république, ô guerrière ! |
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Qui nous apparaissais dans un flot de lumière. |
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Tu savais ton pays presque désespéré ; |
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Alors, brisant du poing le sépulcre effaré |
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Qu'avait fermé sur toi la main d'un bandit corse, |
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Tu surgis dans ta grâce auguste et dans ta force, |
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En criant : « me voici ! Peuple, espère et combats ! » |
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Va, nous te garderons ! Va, si tu succombas |
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Pour avoir, dans ta foi divinement sincère, |
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Pensé qu'un prince peut n'être pas un corsaire, |
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Qu'un serment est sacré, que l'honneur luit pour tous, |
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Sois tranquille, à présent nous prendrons garde à nous. |
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Te voilà revenue. Il suffit. Qu'on te voie |
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Encor, encor, toujours, messagère de joie ! |
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Que mon regard s'enivre à force de te voir ! |
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Rappelle-nous les mots presque oubliés : devoir,
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liberté, dévoûment, amour, paix et concorde. |
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Ô bonheur du retour ! Comme le cœur déborde, |
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Et comme l'air se teint d'azur, de pourpre et d'or ! … |
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Ô république ! Si Barbès vivait encor ! |
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