J.-F. GISCLARD
INVOCATION A LA POÉSIE |
SERVANT DE PRÉFACE |
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Loin de moi ! loin de moi ! ô muse mercenaire, |
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Muse esclave du vice et du crime puissant, |
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Toi qui es des tyrans la lâche tributaire |
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Et le cruel fléau du malheur innocent !… |
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Je veux la vérité, cette vierge immortelle |
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Qui réside au sommet de la voûte éternelle !… |
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Descends donc, Vérité, car je chéris ta loi, |
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Descends, descends du ciel ; ô muse, inspire-moi ; |
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Oui, toi qui du Psalmiste inspiras les cantiques, |
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Et d'Israël en deuil les harpes prophétiques. |
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Fais qu'un rayon céleste, empreint dans mes écrits, |
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Épure mes accents, échauffe mes esprits !… |
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Aide-moi, Muse sainte, aimable sœur de l'Ange, |
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O Vierge de Sion !… Mes vers pleins de douleur |
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Ne (e couvriront point d'une sainte rougeur ; |
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Je bais trop du méchant l'aveuglement étrange ! |
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Je ne traînerai point la robe dans la fange, |
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O pure Vérité, sainte fille du Ciel… |
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Oui, descends ! viens à moi, prête-moi ta lumière ! |
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Épure mon amour : je veux pleurer ma Mère |
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Aux pieds du Crucifix, aux pieds du saint Autel !… |
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Muse, viens au secours du poète qui pleure,… |
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Qui, froide comme l'eau, voit s'écouler chaque heure,… |
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Qui voudrait voir l'impie, oui l'impie à genoux |
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Aux pieds de l'Éternel !… Je voudrais voir la France |
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Non pas sous les carreaux du céleste courroux, |
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Mais au sein du bonheur, et non dans la souffrance !… |
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Mais ce qui rend heureux, ce n'est point l'Impiété, |
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Ce feu tout infernal qui brûle et qui dévore… |
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C'est l'amour du Seigneur,… la vertu,… la piété… |
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C'est cet amour, tout pur comme un rayon d'aurore, |
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Qui, d'un reflet des deux colorant tous nos jours, |
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De notre âme à Dieu monte et redescend toujours !… |
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La méchante Impiété, c'est la mère du crime |
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Qui de tous les fléaux est le mol de l'Énigme… |
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O Grâce ! ô pur rayon de Dieu même émané, |
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Qui rejaillis du Sang du Bon Verbe incarné, |
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Toi qui du libre arbitre assures la puissance, |
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Toi qui, sans rendre esclave, obtiens l'obéissance, |
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Oui, Grâce, éclaire-moi !… Sois ma muse aujourd'hui ; |
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J'ai vu un glaive, hélas !… un glaive qui a lui… |
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Du Fléau qui nous frappe, oh ! dis-nous le mystère !… |
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Oui, dévoile nos cœurs pour guérir leur misère !… |
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Je vais dire aux Français, aux Français malheureux, |
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Qu'il faut vivre en chrétien, si l'on veut être heureux ! |
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