Métrique en Ligne
GAU_8/GAU361
Théophile GAUTIER
POÉSIES NOUVELLES, POÉSIES INÉDITES ET POÉSIES POSTHUMES
édition Maurice Dreyfous
1831-1872
APPENDICE
V
Je sais un nid charmant et tendre 8
Où niche l'oiseau bleu du cœur, 8
L'oiseau dont nul ne peut entendre 8
Sans tressaillir, l'accent vainqueur ; 8
5 Nid plein de grâces sans pareilles, 8
Qui, sous un rayon de gaieté, 8
Scintillent comme des abeilles 8
Dans l'or des aurores d'été. 8
Formé de fleurs fraîches écloses, 8
10 œuvre admirable de l'amour, 8
Des perles, des feuilles de roses, 8
Dessinent son riant contour. 8
Écrins délicieux que dore 8
La jeunesse en traits éclatants ; 8
15 D'où s'échappe, ailée et sonore, 8
La vive chanson du printemps ; 8
D'où sort une divine haleine, 8
Comme d'un calice vermeil 8
Qui livre aux souffles de la plaine 8
20 Son sein tout baigné de soleil. 8
Nid séducteur où rit l'ivresse, 8
Cachant ses secrètes ardeurs, 8
Comme une coupe enchanteresse 8
Dont les bords sont voilés de fleurs. 8
25 Plus mignon qu'un nid d'oiseau-mouche, 8
Plus frais qu'un cœur de rose-thé, — 8
Ce nid ravissant… c'est ta bouche, 8
Doux paradis de volupté, 8
Où les désirs, ramiers fidèles, 8
30 Volent toujours inapaisés, 8
Et vont provoquer à coups d'ailes 8
L'essaim palpitant des baisers ! 8
THÉOPHILE GAUTIER
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