Métrique en Ligne
GAU_4/GAU152
Théophile GAUTIER
POÉSIES
édition Maurice Dreyfous
1833
NONCHALOIR
Il vaut mieux être assis que levé, il vaut
mieux être couché qu'assis. — Il vaut
mieux être mort que couché.
Ferideddin Atar.
J'aime sur les coussins la vie horizontale.
Barthélemy.
Pour oublier le reste, et m'oublier moi-même 12
(Ici-bas être heureux c'est oublier), que j'aime, 12
Loin du monde et du bruit, au fond de son boudoir, 12
Sur l'ottomane souple auprès d'elle m'asseoir ! 12
5 — Cela me fait du bien et me repose l'âme. 12
Quel plaisir ! — Respirer cet arome de femme, 12
Rester là sans penser et paresseusement 12
Accepter comme il vient le bonheur du moment ! 12
— Laisser aller sa vie à la regarder vivre, 12
10 Dans tous ses mouvements, l'œil demi-clos, la suivre, 12
Sentir à ses genoux, en nuages soyeux, 12
Onder et folâtrer sa robe aux plis joyeux, 12
Effleurer son bras rond plus blanc qu'un col de cygne, 12
Sa main d'ivoire, aux doigts sveltes et rosés, digne 12
15 D'un portrait de Van Dyck ; puis sur le fin tapis 12
Agacer en jouant ses petits pieds tapis 12
A l'ombre du jupon, comme sous la feuillée 12
Deux passereaux mutins à la mine éveillée ! 12
Oh ! je l'aime d'amour ! — De blonds cheveux follets 12
20 Se dorent sur son col de magiques reflets, 12
A travers ses longs cils, au bord de sa prunelle, 12
Dans la nacre, chatoie une moite étincelle, 12
Et sa bouche mignarde, au parler enfantin, 12
S'ouvre comme une rose aux baisers du matin. 12
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