Métrique en Ligne
GAU_4/GAU149
Théophile GAUTIER
POÉSIES
édition Maurice Dreyfous
1833
SOLEIL COUCHANT
Notre-Dame,
Que c'est beau !
Victor Hugo.
En passant sur le pont de la Tournelle, un soir, 12
Je me suis arrêté quelques instants pour voir 12
Le soleil se coucher derrière Notre-Dame. 12
Un nuage splendide à l'horizon de flamme, 12
5 Tel qu'un oiseau géant qui va prendre l'essor, 12
D'un bout du ciel à l'autre ouvrait ses ailes d'or, 12
— Et c'étaient des clartés à baisser la paupière. 12
Les tours au front orné de dentelles de pierre, 12
Le drapeau que le vent fouette, les minarets 12
10 Qui s'élèvent pareils aux sapins des forêts, 12
Les pignons tailladés que surmontent des anges 12
Aux corps roides et longs, aux figures étranges, 12
D'un fond clair ressortaient en noir ; l'Archevêché, 12
Comme au pied de sa mère un jeune enfant couché, 12
15 Se dessinait au pied de l'église, dont l'ombre 12
S'allongeait à l'entour mystérieuse et sombre. 12
— Plus loin, un rayon rouge allumait les carreaux 12
D'une maison du quai ; — l'air était doux ; les eaux 12
Se plaignaient contre l'arche à doux bruit, et la vague 12
20 De la vieille cité berçait l'image vague ; 12
Et moi, je regardais toujours, ne songeant pas 12
Que la nuit étoilée arrivait à grands pas. 12
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