Métrique en Ligne
GAU_4/GAU129
Théophile GAUTIER
POÉSIES
édition Maurice Dreyfous
1833
PENSÉES D'AUTOMNE
La rica autouna s'es passada
L'hiver suz un cari tourat
S'en ven la capa ementoulada
D'un veû neblouz enjalibrat.
Son autounous.
J'entends siffler la bise aux branchages rouillés
Des saules qui là-bas se balancent mouillés.
Auguste M.
L'automne va finir ; au milieu du ciel terne, 12
Dans un cercle blafard et livide que cerne 12
Un nuage plombé, le soleil dort : du fond 12
Des étangs remplis d'eau monte un brouillard qui fond 12
5 Collines, champs, hameaux dans une même teinte. 12
Sur les carreaux la pluie en larges gouttes tinte ; 12
La froide bise siffle ; un sourd frémissement 12
Sort du sein des forêts ; les oiseaux tristement, 12
Mêlant leurs cris plaintifs aux cris des bêtes fauves, 12
10 Sautent de branche en branche à travers les bois chauves, 12
Et semblent aux beaux jours envolés dire adieu. 12
Le pauvre paysan se recommande à Dieu, 12
Craignant un hiver rude ; et moi, dans les vallées, 12
Quand je vois le gazon sous les blanches gelées 12
15 Disparaître et mourir, je reviens à pas lents 12
M'asseoir le cœur navré près des tisons brûlants, 12
Et là je me souviens du soleil de septembre 12
Qui donnait à la grappe un jaune reflet d'ambre, 12
Des pommiers du chemin pliant sous leur fardeau, 12
20 Et du trèfle fleuri, pittoresque rideau 12
S'étendant à longs plis sur la plaine rayée, 12
Et de la route étroite en son milieu frayée, 12
Et surtout des bleuets et des coquelicots, 12
Points de pourpre et d'azur dans l'or des blés égaux. 12
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