Métrique en Ligne
GAU_4/GAU124
Théophile GAUTIER
POÉSIES
édition Maurice Dreyfous
1833
PROMENADE NOCTURNE
Allons, la belle nuit d'été,
Alfred de Musset.
C'était par un beau soir, par un des soirs que rêve
Au murmure lointain d'un invisible accord
Le poète qui veille ou l'amante qui dort.
Victor Pavie.
La rosée arrondie en perles 8
Scintille aux pointes du gazon, 8
Les chardonnerets et les merles 8
Chantent à l'envi leur chanson. 8
5 Les fleurs de leurs paillettes blanches 8
Brodent le bord vert du chemin ; 8
Un vent léger courbe les branches 8
Du chèvrefeuille et du jasmin ; 8
Et la lune, vaisseau d'agate, 8
10 Sur les vagues des rochers bleus 8
S'avance comme la frégate 8
Au dos de l'Océan houleux. 8
Jamais la nuit de plus d'étoiles 8
N'a semé son manteau d'azur, 8
15 Ni du doigt, entr'ouvrant ses voiles, 8
Mieux fait voir Dieu dans le ciel pur. 8
Prends mon bras, ô ma bien-aimée, 8
Et nous irons, à deux, jouir 8
De la solitude embaumée, 8
20 Et, couchés sur la mousse, ouïr 8
Ce que tout bas, dans la ravine 8
Où brillent ses moites réseaux, 8
En babillant l'eau qui chemine 8
Conte à l'oreille des roseaux. 8
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