Métrique en Ligne
GAU_4/GAU110
Théophile GAUTIER
POÉSIES
édition Maurice Dreyfous
1833
ÉLÉGIE I
Dame, d'amer déesse
Pour votre grace avoir,
Vous offre ma jeunesse.
Mes biens et mon avoir.
A. Chartier.
Nuit et jour, malgré moi, lorsque je suis loin d'elle, 12
A ma pensée ardente un souvenir fidèle 12
La ramène ; — il me semble ouïr sa douce voix 12
Comme le chant lointain d'un oiseau ; je la vois 12
5 Avec son collier d'or, avec sa robe blanche, 12
Et sa ceinture bleue, et la fraîche pervenche 12
De son chapeau de paille, et le sourire fin 12
Qui découvre ses dents de perle, — telle enfin 12
Que je la vis un soir dans ce bois de vieux ormes 12
10 Qui couvrent le chemin de leurs ombres difformes ; 12
Et je l'aime d'amour profond : car ce n'est pas 12
Une femme au teint pâle, et mesurant ses pas, 12
Au regard nuagé de langueur, une Anglaise 12
Morne comme le ciel de Londres, qui se plaise 12
15 La tête sur sa main à rêver longuement, 12
A lire Grandisson et Werther ; non vraiment : 12
Mais une belle enfant inconstante et frivole, 12
Qui ne rêve jamais ; une brune créole 12
Aux grands sourcils arqués ; aux longs yeux de velours 12
20 Dont les regards furtifs vous poursuivent toujours ; 12
A la taille élancée, à la gorge divine, 12
Que sous les plis du lin la volupté devine. 12
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