Métrique en Ligne
FRT_1/FRT23
Charles-Théophile FERET
LE BOURDEAU DES NEUF PUCELLES
1912
Vers pour
LES SERVANTES
Meilleur Avis
Dans ta jeune servante admire le contraste 12
Des beaux flancs, faits pour la luxure, et des yeux chastes, 12
Et ce balancement sensuel des vaisseaux 12
Que leur château-d’arrière assied bien sur les eaux. 12
5 Je veux que la pudeur redresse un col farouche, 12
Mais qu’un doux poids de chair s’incline vers ma bouche. 12
Si près d’un jeune corps comment peux-tu dormir, 12
Ces chaudes nuits de Juin, sans le faire gémir ? 12
Sans t’en aller surprendre au lit tiède de baumes 12
10 Sa bouchette qui baise en rêvant un fantôme, 12
Et peut-être te nomme en un parc enchanté ? 12
L’ombre ardente palpite à ses seins de clarté. 12
De ses genoux, qu’un mol abattement sépare, 12
Le nocturne rayon sculpte un marbre de Pare. 12
15 Qui pourrait respirer sa fleur chaude et la voir, 12
Sans trembler, faune, au bord du jardin rose et noir ? 12
Car le jour elle est serve, et, nue, elle est déesse… 12
— Que dis-tu ? qu’elle est pure, et tu crains sa sagesse ? 12
Tu n’as pas deviné au miel de ses regards 12
20 Que sera sans refus au jeune maître Agar ? 12
L’aimes-tu mieux des jeux d’un butor avilie, 12
Que tu ne cueilles point cet œillet d’Italie ? 12
Elle apporte l’aiguière… Allons, rends d’une main 12
Doucement promenée hommage au sang romain. 12
25 L’émoi brûle sa joue, et loin qu’elle te boude 12
Vois l’extase incliner sa tête sur son coude. 12
Possède sur ses yeux le mystère des pleurs… 12
Non, elle rit, l’oiselle ayant pris l’oiseleur. 12
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