Métrique en Ligne
FRK_2/FRK3
corpus Pamela Puntel
Félix FRANK
CHANTS DE COLÈRE
1871
L’EMPIRE
A CEUX QUI PARLENT D’OUBLI
Comme je n’ai jamais caché ma haine intense 12
Pour ce faux Bonaparte, ombre de Verhuell, 12
Ni parmi ses valets chanté la Reine Hortense, 12
Pour le honnir à l’heure où se couvrait le ciel, 12
5 Je puis jeter au vent ces hymnes de colère, 12
Nés de l’âpre rancœur de plus d’un jour cruel ! 12
Car, bien qu’on ait brisé sa couronne, et qu’il erre 12
Loin de nos vieux palais, spectre inerte et courbé, 12
Rien ne doit le sauver du mépris séculaire : 12
10 Pour lui frayer la route, à ce bourreau tombé, 12
Que de grands cœurs sont morts dans la bataille ardente 12
Dans l’horreur des cachots combien ont succombé ! 12
Sait-on quel long troupeau de fantômes le hante, 12
Lorsqu’il rêve, le soir, à son passé hideux, 12
15 Cauchemar où Callot fait reculer le Dante ! 12
Ceux qui parlent d’oubli n’ont ils pas vu près d’eux 12
Se dresser les martyrs de vingt ans de souffrance ? 12
Décembre est-il si loin qu’on détourne les yeux ? 12
Ah ! la pitié pour lui serait une espérance ; 12
20 Décembre reviendrait avec l’homme fatal… 12
Qu’il soit nommé partout l’assassin de la France ! 12
— Pourtant, lorsque j’ai vu crouler son piédestal, 12
Par la fraude et le meurtre édifié naguère, 12
J’aurais dit : « Oublions cet ouvrier du mal 12
25 Et sa pourpre d’emprunt que le Destin lacère» ; 12
Et toi, qui l’attendais, Némésis aux aguets, 12
Tu salûrais sa fin, — et, pensive et ta sphère, 12
Tu faiblirais, Justice, ô toi que j’invoquais, 12
S’il avait eu, farouche et traqué par la guerre, 12
30 La chute d’un soldat, non celle d’un laquais ! 12
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