Métrique en Ligne
FER_1/FER15
Albert FERLAND
MÉLODIES POÉTIQUES
1893
MÉLANCOLIES
AU GRÉ DE L'ONDE
Pour me charmer murmure encore, 8
Ô mon aimable Saint-Laurent, 8
Si tu veux que, jusqu'à l'aurore, 8
Ma nef s'abandonne au courant. 8
5 Oui, que ta vague la plus tendre, 8
Sous les frais baisers du zéphyr, 8
A mon oreille fasse entendre 8
Son plus harmonieux soupir. 8
Que j'aime, lorsque tout sommeille, 8
10 Hormis l'étoile, qui, la nuit, 8
Semble sur nous un œil qui veille, 8
Rêver sur l'onde qui s'enfuit ! 8
Que j'aime, quand je te caresse 8
Amoureusement de la main, 8
15 Te voir, comme ému de tendresse, 8
Soulever mollement ton sein ! 8
Que j'aime, accompagnant ta vague, 8
Voir, en déroulant leurs splendeurs, 8
Tes bords se perdre dans le vague 8
20 Des ténébreuses profondeurs. 8
Quelquefois, auprès de la rive 8
Dont j'écoute les doux accords, 8
Dans ma nacelle qui dérive, 8
Au roulis des eaux je m'endors. 8
25 Tandis que, ravi, je contemple 8
Les beautés sublimes des cieux, 8
Ce grandiose et vaste temple 8
Où par l'astre Dieu parle aux yeux ; 8
Tandis qu'un rocher, noir panache 8
30 Narguant le front des horizons, 8
A son épaule immense attache 8
Une épaulette de rayons ; 8
Comme un doux coursier dont les rênes 8
Flottent librement sur son cou, 8
35 Dans la nuit sombre tu m'entraînes, 8
Et me portes je ne sais où. 8
Ah ! que ton flot caresse encore 8
Le flanc de mon léger vaisseau, 8
Et me berce jusqu'à l'aurore 8
40 Comme l'enfant dans son berceau ! 8
Et ne crains pas de me déplaire 8
En me faisant suivre ton cours ; 8
Car partout ta rive m'est chère : 8
Elle est le nid de mes amours. 8
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