Métrique en Ligne
EON_1/EON1
Francis Éon
Autre livre de Monelle
1939
(La Sagesse)
APRÈS tant de vols fous j'ai replié mon aile. 12
Les courants opposés ne me traversent plus. 12
Enfin j'ai commandé mes vœux irrésolus. 12
Et je vais maintenant de Simone à Monelle. 12
(Le Printemps)
5 De vos dons prodigués je ne m'étonne pas. 12
Tout naturellement j'embrasse en vous, Monelle, 12
La plus tendre saison qui n'ait fleuri mes pas. 12
Vous rimez riche à la tremblante pimprenelle. 12
(L'Automne)
Octobre en or éclate au bois de Puirajoux. 12
10 Déjà des ramiers bleus ont croûlé dans mes chênes. 12
De mes doutes brisés j'ai rejeté les chaînes. 12
— Un matin noble, et vrai, Simone, comme vous. 12
(Passages)
Fourriers des soirs couverts et des matins de glace, 12
De vastes vols triangulaires ont glissé. 12
15 Autrefois que ces hauts passages m'ont blessé ! 12
Monelle ! j'ai contre eux ta parole efficace. 12
(Les Fleurs)
L'œillet, le lys royal et la tendre anémone, 12
Le dahlia flexible et le liseron bleu 12
Pavoisent la secrète allée où va Simone 12
20 Découvrir une joie ouverte peu à peu. 12
(Les Fruits)
Monelle, je ne sais quelle est la mieux chérie 12
Dans ton verger de ces pulpes que tu me tends, 12
Le brugnon carminé, les raisins grelottants, 12
La figue que l'on nomme (à tort) de Barbarie. 12
(Nos Églises)
25 Ce sentiment si pur et si nouveau pourtant, 12
Et peut-être déjà tant de peines promises, 12
Tant de bonheur enfin, Simone ! cœur battant, 12
Quand vous passiez au long de ces vieilles églises. 12
(Le Cœur)
Cette suprême rose blanche qui s'effeuille 12
30 Se rassemble, on dirait ! dans un bouton dernier. 12
Monelle, espère-t-elle encore qu'on la cueille ? 12
Son cœur ne voudrait pas mourir. Vous le teniez. 12
(L' Angellerie)
Simone, vous aimez le nom de ces villages, 12
Fougeret, Puirajoux, Champ-Noir. Il ne faut plus 12
35 Rire de cette enfant qui crie à nos passages : 12
L'Angellerie ! — et rit à ses anges perdus. 12
(Sompt)
La route que je suis s'enfonçait dans la brume 12
D'octobre et le soleil a percé ces réseaux. 12
L'auto glisse déjà vers Sompt aux belles eaux. 12
40 Monelle ! que de joie encore, et d'amertume. 12
(Le Foyer)
Les braises qui vivaient sous cette cendre-ci, 12
Fille claire, je les découvre et les ranime, 12
Haute flamme chantant votre accord unanime, 12
Cher foyer, beau matin, Simone mon souci. 12
(Les Pas)
45 La longue ligne et les pas souples de Monelle 12
Ont toute grâce et toute force rassemblées. 12
Quel songe tissiez-vous, frêle octobre ? Mais elle 12
M'a pris et me reprend dans ses belles foulées. 12
(Nos Voix)
Âme de la maison, ta voix heureuse sonne. 12
50 Je ne partirai pas. Tu m'appelles. Je viens. 12
Les timbres de ta voix ont vibré dans les miens. 12
Je viens et je reviens de Monelle à Simone. 12
(Les Cormes)
Simone, nous allons suivre les grandes haies. 12
La grive à cris aigus scande ses vols brisés. 12
55 Déjà la corme est mûre et nous donne ses baies. 12
L'automne ! vous aimez ce goût dans mes baisers. 12
(La Rue)
Que mes pas sont heureux dans cette rue étroite 12
Où je n'accueille plus les signes étrangers ; 12
Simone est à ma gauche et Monelle à ma droite. 12
60 Que mes pas sont légers ! 6
(L'Hiver)
Dans cet humide vent de janvier, je déploie 12
Contre tout sort funeste et tout méchant hasard 12
Ton amour bel et haut comme un grand étendard, 12
Simone flamme de ma joie. 8
(Saint-Hilaire)
65 Comme sur le pilier la grand'voûte s'appuie, 12
Sur vous ma vie enfin assure son élan, 12
Et s'accroît aux beaux pas d'un rythme bien-allant 12
Qui traverse un matin de tempête et de pluie. 12
(Mer Océane)
La mer, la mer toujours recommencée.
Paul VALÉRY. Cimetière marin.
Bon vent, Simone, et va ce soir interroger 12
70 L'Atlantique d'Aunis et ses hautes démences, 12
Âme tendue et tant de flamme, ô cœur léger, 12
Pure Simone et qui sans fin te recommences. 12
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