Métrique en Ligne
DUG_1/DUG6
Ferdinand DUGUÉ
Corpus Pamela Puntel
LES ÉCLATS D'OBUS
1871
LA CHARRUE
On se battait ! la plaine au loin était semée 12
De tourbillons produits par l'ardente fumée 12
Où crépitaient les coups de feu… 8
Immobile, épaulant avec fermeté l'arme, 12
5 J'avais un souvenir pour ces cœurs pleins d'alarme 12
Dont vibrait encore l'adieu… 8
Nous étions là, quarante à peu près sur vingt mille, 12
Pendant que l'ennemi traitait avec la ville 12
Affolée au bruit du canon ; 8
10 Tous résolus, ayant cette même pensée 12
Qu'avec un peu de cœur on pourrait voir chassée 12
La honte de l'invasion !… 8
Quelques hulans, la lance en arrêt, droits sur selle, 12
De leurs regards où luit une fauve étincelle 12
15 Surveillent les terrains douteux… 8
Puis partent au galop, courbés sur la crinière… 12
Nous tirons… et plus d'un roule dans la poussière 12
Au milieu de nos cris joyeux ! 8
Puis, comme un flot montant, je vois la masse noire 12
20 De ces soldats-bandits que flétrira l'histoire 12
Envahir bientôt l'horizon, 8
Et j'entends contre nous tonner l'artillerie, 12
Et les obus prussiens pleuvant avec furie 12
Viennent foudroyer ma maison !… 8
25 Eh bien, en ce moment où la mort était proche, 12
Un paysan, sorti du village, s'approche 12
Traînant sa charrue après lui, 8
Avec cette lenteur toute particulière 12
A la race de ceux qui cultivent la terre 12
30 Et qui ressemble à de l'ennui… 8
Alors, oubliant tout, combat, danger, mêlée, 12
Je suivis du regard jusqu'au bout d'une allée, 12
Comme un phénomène touchant, 8
Cet homme qui partait de son humble demeure 12
35 Sans se préoccuper d'autre chose… c'est l'heure 12
Pour lui de labourer son champ ! 8
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