Métrique en Ligne
DUG_1/DUG32
Ferdinand DUGUÉ
Corpus Pamela Puntel
LES ÉCLATS D'OBUS
1871
AMOUR !
Quand règne au fond d'un cœur sincère 8
L'amour, ce sentiment divin, 8
Exil, maladie ou misère, 8
Pour l'en arracher tout est vain ; 8
5 Plus le mur croule et plus le lierre 8
Fidelle au débris qu'il enserre 8
S'y colle avec force et le serre 8
Dans un embrassement sans fin ! 8
Balzac a peint dans un beau livre 8
10 Cet amour immense et fatal 8
Qui peut obstinément survivre 8
Aux vaines étreintes du mal, 8
Et, quand on la croit abattue 8
Par ce qui blesse et ce qui tue, 8
15 Replace la chère statue 8
Sur son éternel piédestal !… 8
— Armand, oubliez-moi ! la tombe 8
M'entrouvre ses flancs ténébreux ! 8
Le cilice sur moi retombe 8
20 Et j'ai coupé mes longs cheveux !… 8
Je ne suis plus jeune ni belle, 8
L'air manque à ma poitrine frêle, 8
C'est la mort seule que j'appelle !… 8
Armand répondit : — Je te veux !… 8
25 Oui, je te veux flétrie et pâle 8
Et mourante, car mon amour 8
Pour tes grands yeux cerclés d'opale 8
Est pur comme le premier jour… 8
Car risquant révolte et blasphème, 8
30 S'il fallait ce défi suprême, 8
Je t'arracherais à Dieu même 8
Comme la colombe au vautour ! — 8
Ainsi, ma France endolorie, 8
Corps saignant et cœur ulcéré, 8
35 Étreignant sur ta chair meurtrie 8
Les plis du drapeau déchiré, 8
Je t'aime encore davantage ! 8
Avec frénésie ! avec rage ! 8
Et le lien qui nous engage 8
40 Par tes malheurs devient sacré !… 8
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