Métrique en Ligne
DUC_3/DUC82
Alexandre DUCROS
Les Étrivières
1867-1885
PREMIÈRE PARTIE
(1867-1870)
Le Sénat
Maxima debelur puero reverentia
O Sénateurs ! Ce vers antique, 8
Peut aussi s'adresser à vous, 8
Car la vieillesse rachitique 8
Est une autre enfance aux yeux doux. 8
5 Et c'est en enfant que vous traite, 8
Hélas ! le cabinet nouveau, (1) 8
Prenez vite votre retraite, 8
Pour sauver l'honneur du drapeau. 8
On ne veut plus laisser de trace, 8
10 De votre Sénat glorieux, 8
Votre Sénat de l'an de grâce, 8
L'an Mil-huit-cent-cinquante-deux ! 8
Paragraphe par paragraphe, 8
On sape — ô deuil pour le Sénat ! 8
15 Le vieux règlement que paraphe, 8
La main qui fit le Coup d'État ; 8
La Constitution sacrée, 8
Le politique Droit-Canon 8
De la France régénérée, 8
20 Par le parjure et le canon ; 8
Ce viatique, ce mystère, 8
Que vous, Pontifes, vous gardiez 8
Dans le calme du sanctuaire, 8
Où paisiblement vous dormiez. 8
25 Il faut, ô Sénateurs austères, 8
Il faut, ô mes Pères-Conscrits, 8
Pour éloigner bien des colères, 8
En déchirer les manuscrits ! 8
La nuit se dissipe et s'achève. 8
30 Le Progrès, toujours à l'affût, 8
Jette son œuvre qui s'élève, 8
Sur les débris de ce qui fût. 8
Il faut donc, de vos mains séniles, 8
O vous, sacrés conservateurs, 8
35 Malgré vos plaintes inutiles, 8
Faire œuvre de démolisseurs ! 8
Je comprends que cela vous choque ; 8
On fait litière de vos vœux ! 8
Arrachez-vous, puisqu'on s'en moque, 8
40 Ce qui vous reste de cheveux ! 8
Vieillards avec vous je m'afflige, 8
Puis à qui vous contraria : 8
Maxima debetur, lui dis-je ; 8
Senibus reverentia ! 8
Le cabinet, soi-disant libéral, du transfuge
Émile Ollivier, que le Sénat bonapartiste ne
voyait d'un bon œil.
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