Métrique en Ligne
DUC_3/DUC75
Alexandre DUCROS
Les Étrivières
1867-1885
PREMIÈRE PARTIE
(1867-1870)
Assassinat de Victor Noir
C'est bien ! — Murat bâtonne et Bonaparte tue ! 12
Qui donc ose parler encor de liberté ? 12
Pour l'étouffer vivante avant sa puberté, 12
Aux genoux de César, Brutus se prostitue ! 12
5 France, courbe le front, plus de vaine fierté ; 12
Murat, Murât bâtonne et Bonaparte tue ! 12
Mais où donc marchons-nous, que va-t-il advenir ? 12
Que sommes-nous, enfin ? peuple ou bêtes de sommes ? 12
Est-ce un cœur qui palpite en nos poitrines d'hommes, 12
10 Ou d'un cœur n'avons-nous rien que le souvenir ? 12
Non ! la peur nous terrasse ! Ah ! lâches que nous sommes ! 12
Mais où donc marchons-nous, que va-t-il advenir ? 12
Oh ! ces Napoléon ! il leur faut les mains rouges ! 12
A Vincennes, Boulogne et jusqu'en leur hôtel ! 12
15 — « A moi, prince ; tu viens présenter un cartel ? 12
Voici mon revolver, je fais feu si tu bouges. » 12
Et Noir tombe aussitôt frappé d'un coup mortel ! 12
Oh ! ces Napoléon…, il leur faut les mains rouges ! 12
Avais-tu bien le droit de tuer cet enfant ! 12
20 Venait-il en son nom relever un outrage ? 12
Il venait simplement s'acquitter d'un message ; 12
Il venait, comme ceux que leur mandat défend, 12
Sommer ta loyauté, parler à ton courage… 12
Avais-tu bien le droit de tuer cet enfant ? 12
25 Les princes aujourd'hui se font tueurs en chambre. 12
Oh ! l'indignation nous saisit, nous étreint. 12
Le grand jour leur fait peur ; on le fuit, on le craint, 12
On ne massacre plus ainsi qu'au Deux Décembre, 12
Par la rue et les quais le Peuple souverain… 12
30 Les Princes aujourd'hui se font tueurs en chambre ! 12
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