PREMIÈRE PARTIE |
(1867-1870) |
Assassinat de Victor Noir |
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C'est bien ! — Murat bâtonne et Bonaparte tue ! |
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Qui donc ose parler encor de liberté ? |
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Pour l'étouffer vivante avant sa puberté, |
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Aux genoux de César, Brutus se prostitue ! |
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France, courbe le front, plus de vaine fierté ; |
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Murat, Murât bâtonne et Bonaparte tue ! |
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Mais où donc marchons-nous, que va-t-il advenir ? |
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Que sommes-nous, enfin ? peuple ou bêtes de sommes ? |
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Est-ce un cœur qui palpite en nos poitrines d'hommes, |
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Ou d'un cœur n'avons-nous rien que le souvenir ? |
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Non ! la peur nous terrasse ! Ah ! lâches que nous sommes ! |
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Mais où donc marchons-nous, que va-t-il advenir ? |
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Oh ! ces Napoléon ! il leur faut les mains rouges ! |
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A Vincennes, Boulogne et jusqu'en leur hôtel ! |
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— « A moi, prince ; tu viens présenter un cartel ? |
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Voici mon revolver, je fais feu si tu bouges. » |
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Et Noir tombe aussitôt frappé d'un coup mortel ! |
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Oh ! ces Napoléon…, il leur faut les mains rouges ! |
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Avais-tu bien le droit de tuer cet enfant ! |
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Venait-il en son nom relever un outrage ? |
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Il venait simplement s'acquitter d'un message ; |
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Il venait, comme ceux que leur mandat défend, |
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Sommer ta loyauté, parler à ton courage… |
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Avais-tu bien le droit de tuer cet enfant ? |
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Les princes aujourd'hui se font tueurs en chambre. |
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Oh ! l'indignation nous saisit, nous étreint. |
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Le grand jour leur fait peur ; on le fuit, on le craint, |
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On ne massacre plus ainsi qu'au Deux Décembre, |
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Par la rue et les quais le Peuple souverain… |
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Les Princes aujourd'hui se font tueurs en chambre ! |
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Paris,
10 Janvier 1870 — 5 h. du soir.
Écrit au café des Variétés
en apprenant
la nouvelle de l'assassinat de notre jeune ami Victor Noir.
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