Troisième partie | ||||||||||||
(1871-1885) | ||||||||||||
Encore Lui !!! | ||||||||||||
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Paris,
17 Mars 1871.
1
« A l'Assemblée Nationale, à Bordeaux. — Ceux qui n'ont
« pas assisté à la dramatique scène imprudemment provoquée par « M. Conti, ceux qui ne la connaissent que par le procès-verbal du « Moniteur officiel et la froide sténographie, ne s'en peuvent faire « une idée. — Jamais peintre, jamais habile metteur en scène, ne rêva « un pareil tableau. Toute l'Assemblée, débout, soulevée par un mou- « vement irrésistible de la Conscience révoltée. Sept cents represen- « tants vociférant, agitant leurs chapeaux, fiévreux, indignés, résolus « et criant : Déchéance ! — A la tribune, impassible et livide, le lor- « gnon sur le nez, maigre, à la fois sinistre et comique, comme un « tortionnaire de Conseil des Dix d'opérettes, M. Conti, bravant la « juste colère de l' Assemblée, et demeurant glacé et immobile devant « cet orage ; les cris se croisant, se heurtant, passant par-dessus la tête « du Secrétaire intime, pour aller atteindre le maître. — Hors la loi « le Deux-Décembre ! Plus de lâche ! Plus de traître ! — La « fureur augmentant, les vociférations devenant farouches, les poings « crispés, les yeux injectés : — A bas les Bonaparte ! et tout à coup, « dans ce tumulte, dans cette foule et cette tempête, un front se dres- « sant comme par hasard à la tribune, à côté de la maigre face de « M. Conti, un visage apparaissant rouge, sanguin, la barbe et les « cheveux blancs, le visage de Victor Hugo, l'auteur de Napoléon le « Petit, à côté du secrétaire de l'homme de Sedan, du Deux-Décembre « et, comme si le cri partait de toutes les poitrines, on entendait sor- « tir, jaillir cles lèvres ce mot : « CHÂTIMENT ! VOILA LE CHATI- « MENT ! » (Extrait du Journal Le Siècle. Compte-rendu d'une séance de l'Assemblée Nationale à Bordeaux, par Jules Claretie — Mars 1871). |