Métrique en Ligne
DUC_2/DUC38
Alexandre DUCROS
Les Caresses d'Antan
1896
Gabrielle
Il m'en souvient, voici longtemps ! 8
J'avais un cœur croyant et tendre, 8
Je le gardais jusqu'à vingt ans, 8
Puis un soir la mort vint le prendre ! 8
5 Le prendre en son berceau doré, 8
Que balançait un heureux songe… 8
Il fut tué par le mensonge ! 8
O mon pauvre cœur enterré ; 8
Miserere ! 4
10 Miserere ! 4
Il était simple et confiant, 8
Toujours dans une paix profonde, 8
Il ne s'endormait qu'en priant. 8
En priant Dieu pour tout le monde. 8
15 Il vivait tranquille, ignoré, 8
Lorsqu'un jour, avec son escorte, 8
L'amour vint frapper à sa porte… 8
O mon pauvre cœur enterré ; 8
Miserere ! 4
20 Miserere ! 4
— « Viens ! lui dit-il, viens ! suis mes pas ! » 8
Mon cœur suivit l'amour funeste… 8
Hélas ! je ne vous dirai pas 8
Du voyage quel fut le reste ! 8
25 Mais il revint tout ulcéré, 8
Pleurant l'illusion perdue. 8
Sa voix ne fut pas entendue ! 8
O mon pauvre cœur enterré ; 8
Miserere ! 4
30 Miserere ! 4
— « Adieu, mon ami, me dit-il, 8
Que ma mort par toi soit bénie ; 8
Élie t'affranchit du péril 8
Et te fait libre de ta vie ! 8
35 Tu peux la conduire à ton gré, 8
Sur mon cercueil jette ces roses, 8
Mortes, hélas ! à peine écloses ! » 8
O mon pauvre cœur enterré ; 8
Miserere ! 4
40 Miserere ! 4
Il rendit le dernier soupir 8
En murmurant une prière. 8
L'oubli, qui l'avait'fait mourir, 8
L'escorta seul au cimetière ! 8
45 Il dort dans un coin ignoré, 8
Ce doux ami de ma jeunesse 8
Il parfumera ma vieillesse, 8
De son parfum évaporé… 8
Miserere ! 4
50 Miserere ! 4
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