Métrique en Ligne
DUC_1/DUC3
Alexandre DUCROS
Les Capricieuses
1854
RÊVERIE
A Mademoiselle Emma H.
Oh ! quand les chants mélodieux 8
Frappaient mon oreille ravie, 8
Alors je croyais que la vie 8
Était plus douce que les cieux. 8
5 Ta voix, que ma douleur regrette 8
Et que j'écoute en mon sommeil, 8
Était les perles que l'on jette 8
Et retombent sur le vermeil. 8
Elle dissipait ma souffrance, 8
10 Elle faisait rêver mon cœur, 8
El ce rêve était le bonheur, 8
Ce bonheur était l'espérance. 8
Je t'écoutais en murmurant 8
Tout bas une douce louange ; 8
15 Puis, croyant à la voix d'un ange, 8
Je t'adorais en t'écoulant. 8
Et je te disais : Chante encore ; 8
Chante ! que la joie ait son tour ! 8
Enfant, si ma vie est d'un jour, 8
20 Jusqu'au soir prolonge l'aurore. 8
A tes chants mon âme s'endort, 8
Et lorsque leur doux bruit s'achève, 8
Il recommence dans mon rêve, 8
Où j'entends mille harpes d'or. 8
25 Mais loin de nous tu t'es enfuie : 8
Maintenant, tout n'est que douleurs ! 8
Avec l'absence sont les pleurs, 8
Les pleurs que nulle main n'essuie. 8
Pourquoi partir ?… Où donc es-tu ? 8
30 Chacun te regrette, ô colombe ! 8
Et sans toi je sens vers la tombe 8
S'incliner mon front abattu. 8
Car, je t'aimais, je te le jure, 8
Mais d'un amour saint et profond, 8
35 Plus doux que l'auréole pure 8
Que les anges portent au front. 8
N'étais-tu pas mon bien suprême ? 8
Ton cœur ne m'avait-il pas dit 8
Ce mot auquel le ciel sourit, 8
40 Ce mot qu'on dit tout bas : Je t'aime ! 8
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