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Le rapide landau de monsieur de Surville |
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L'eut bien vite conduit près de l'Hôtel-de-Ville, |
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A l'angle d'une rue où de hautes maisons |
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— Telles que des tombeaux ou plutôt des prisons |
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— Élevaient leurs pignons et leurs murs noirs et tristes ; |
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Demeures d'épiciers ou de marchands droguistes. |
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Dans une allée obscure où d'une corde à puits |
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Pour ne pas s'égarer on employait l'appui ; |
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Dans un escalier sale où, de mémoire d'homme, |
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Le balai n'a jamais fait voler un atome, |
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Notre duc pénétra d'un pas si dégagé |
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— Quoiqu'il fût pair de France et de goutte affligé |
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— Qu'on l'eût cru rajeuni par les soins de Médée. |
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C'est qu'il avait en tête une importante idée. |
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Dès qu'il voyait un but, tout était aplani ; |
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Voilà pourquoi sans doute il semblait rajeuni. |
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Au haut de l'escalier, juste au dernier étage, |
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Apparaissait un huis de sinistre présage. |
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On eût dit une tour où veillaient des dragons. |
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Ce n'était pas assez que sur d'énormes gonds |
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La porte fût posée ; une double serrure |
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Et des verrous grinçants en formaient la parure. |
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De plus, par un juda dans le bois pratiqué |
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Un œil observateur pouvait être braqué. |
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25 |
On devine aisément que cette citadelle |
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Cachait un usurier du plus ancien modèle. |
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Quand le duc eut au moins frappé quatre ou cinq fois, |
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Le juda s'entr'ouvrit ; aussitôt une voix |
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Qu'on voulait adoucir — ainsi que fait un dogue |
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Qui pour avoir un os dépose son air rogue |
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— S'écria : — « Quel honneur pour ma pauvre maison ! » |
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Serrures et verrous, ouverts à l'unisson, |
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Livrèrent un passage au noble duc. Ensuite |
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Serrures et verrous se fermèrent bien vite : |
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35 |
Car l'usurier s'était mille fois répété |
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Qu'à l'extrême prudence on doit la sûreté. |
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« — Eh ! bonjour, Zacharie, homme au cœur doux et tendre. |
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— Pardonnez, Monseigneur ; je vous ai fait attendre. |
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Si j'avais su… Croyez… |
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Si j'avais su… Croyez… — Pas de façons, mon cher. |
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Pour enfermer votre or vous vous couvrez de fer… |
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C'est sage. |
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C'est sage. — Il le faut bien, dans le siècle où nous sommes. |
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Je craindrais, sur ma foi, moins les loups que les hommes. |
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Le monde est si méchant, et si rusé d'ailleurs, |
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Que pour un seul écu l'on trouve deux voleurs. |
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Passez-vous pour avoir quelque mince ressource ? |
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Ils voudraient déjà voir le fond de votre bourse. |
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Si.l'on n'est pas prodigue, imprévoyant comme eux, |
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Ils vous appellent juif… Est-ce donc si honteux ? |
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— Non, mon cher Zacharie : en vous la bonté brille. |
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50 |
N'êtes-vous pas utile à des fils de famille |
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Dont les parents, à vivre obstinés trop longtemps, |
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Marchent sans trébucher au chiffre de cent ans ? |
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On vous accuse, on a méconnu vos services… |
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Le monde n'eut jamais d'encens que pour les vices. |
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— Veuillez passer au fond de mon appartement ; |
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Nous y pourrons causer bien plus tranquillement. |
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— Qui diable, se disait le duc, dans cette geôle |
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Pourrait lui prendre rien, soit écu, soit parole ?» |
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Ils entrèrent, au bout d'un couloir assez long, |
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60 |
Dans un vaste carré, magasin ou salon, |
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Chambre à coucher, comptoir,— ce qu'on voudra, n'importe. |
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Là se voyait encore une solide porte. |
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L'antre de Polyphême où, parmi ses troupeaux, |
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Le cyclope prenait et repas et repos, |
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65 |
Eût paru saturé d'une douce odeur d'ambre, |
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Auprès de cette infecte et misérable chambre, |
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Où l'air était pesant, où Phœbus à regret |
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Venait de l'avarice éclairer le secret. |
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Pas un seul meuble neuf ; sur les fauteuils en loques |
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Gisent accumulés des oripeaux baroques ; |
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Des objets destinés à grossir un marché. |
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C'est un hideux lézard au plafond accroché ; |
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Pour les étudiants deux couples de squelettes ; |
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Des casques, des fleurets, de vieilles arbalètes ; |
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Des bocaux à serpents, des liqueurs, des habits, |
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Des bottes, des tableaux (Raphaël inédits) ; |
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Près de livres pieux quelque gravure obscène. |
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Grand pandémonium de l'industrie humaine, |
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Tout ce qui peut servir ou nuire est réuni |
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Dans ce vaste bazar d'où l'ordre est seul banni. |
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Comme vers l'Océan chaque fleuve charrie |
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Son limon de débris, ainsi chez Zacharie |
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Le luxe et l'indigence, en un même tombeau, |
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Apportent l'un sa pourpre et l'autre son lambeau. |
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85 |
Le duc en souriant parcourait ce musée, |
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Qui recevait son jour d'une seule croisée. |
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« — Que de choses, dit-il, on peut trouver chez vous ! |
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— Oui, j'ai de quoi monter le ménage des fous. |
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Daignez vous reposer, Monseigneur, et m'apprendre |
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Ce que je dois pour vous dès demain entreprendre. |
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— Dès aujourd'hui, mon cher ; car un ressentiment |
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M'amène… Écoutez-moi très-attentivement. |
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Je m'abstiens avec vous de tous mes protocoles : |
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Dans une humble maison du quartier des Écoles |
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Il est un écrivain qui s'appelle Caron ; |
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Esprit intelligent et vif, un bon garçon, |
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Travailleur fort actif, quand lui vient la besogne ; |
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Au milieu des soucis ayant peu de vergogne ; |
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Désireux d'arriver aux douceurs du loisir, |
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Et traduisant l'argent par le mot de plaisir. |
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C'est l'homme qu'il me faut pour une grande affaire. |
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Or, ce Caron n'a pas voulu me satisfaire ; |
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Ou bien, il n'ose pas… |
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Ou bien, il n'ose pas… — Le sot ! |
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Ou bien, il n'ose pas… — Le sot ! Il doit beaucoup. |
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Vous allez acquérir ses billets d'un seul coup. |
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Unique créancier, et concentrant la somme, |
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Vous ferez condamner, prendre et loger notre homme… |
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— A Clichy ? |
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— A Clichy ? — Bien. Mettez tous les huissiers en l'air ; |
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Qu'on saisisse au plus tôt mons Caron. Est-ce clair ? |
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— Très-clair. |
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— Très-clair. — Et n'admettez ni prière, ni ruse. |
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— Je vais être inflexible, et déjà je m'amuse |
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De voir le pauvre diable entre quatre bons murs. |
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— Il a, pour s'affranchir, les moyens les plus sûrs. |
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— Bah ! |
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— Bah ! — Tout dépend de lui. Qu'il m'écrive une lettre… |
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Vous-même en liberté vous irez le remettre. |
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— Je n'y conçois plus rien. |
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— Je n'y conçois plus rien. — Au bout de peu d'instants |
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Il sera libre, ou bien il fera ses cinq ans. |
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Soyez de mon projet observateur fidèle. |
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— Bientôt à Monseigneur j'aurai prouvé mon zèle. |
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Mais on frappe. Daignez passer par ce couloir. |
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— Oui, mon cher ; car chez vous on ne doit pas me voir. » |
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Cependant à grands coups on ébranlait la porte. |
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Puis une voix cria : |
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Puis une voix cria : « — Que le diable l'emporte ! |
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Ce maudit usurier est donc devenu sourd ! |
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Zacharie, ouvrez-moi ! » |
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Zacharie, ouvrez-moi ! » Le duc s'arrêta court. |
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« — Eh mais, murmura-t-il, cette voix me rappelle |
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Certain baron Arthur… L'occasion est belle |
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Pour savoir les secrets de ce jeune élégant, |
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Le premier entre tous par la botte et le gant. |
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Avez-vous, par hasard, quelque bonne cachette ? |
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— Monseigneur, ses secrets… |
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— Monseigneur, ses secrets… — Eh bien ! je les achète. |
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J'ai besoin de savoir ce qui l'amène ici. |
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Chez un de mes amis il a fort réussi. |
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— Tenez, mettez-vous là ; surtout profond silence. |
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Ces jeunes muscadins sont d'une violence ! |
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— Je serai de la scène impassible témoin. » |
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Le juif ayant caché le duc avec grand soin, |
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S'en alla vers la porte et l'ouvrit au jeune homme. |
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« — Enfin ! dit celui-ci ; cette lenteur m'assomme. |
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Suis-je donc un bandit ? avez-vous peur de moi ? |
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— J'étais fort occupé. |
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140 |
— J'étais fort occupé. — Belle affaire, ma foi ! |
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J'ai cru ne pouvoir pas de vous me faire entendre. |
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— Entrez, Monsieur, entrez. Venez-vous pour me rendre |
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Les mille francs que j'eus l'honneur de vous prêter ? |
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— Vous rendre de l'argent quand j'en viens : emprunter ! |
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— C'est différent, reprit avec un froid visage |
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Notre usurier ; cela vous plairait davantage, |
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Mais me convient bien moins. |
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Mais me convient bien moins. — Pour un millier d'écus |
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Qu'il me faudrait… |
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Qu'il me faudrait… — Monsieur, vos billets sont échus. |
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— Nous mettrons, s'il vous plaît, une affaire avec l'autre. |
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— Vraiment, me croyez-vous un aussi bon apôtre ? |
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Votre raisonnement est sans doute subtil… |
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Pour un raisonnement l'argent se donne-t-il ? |
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Je n'ai rien dans ma caisse. |
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Je n'ai rien dans ma caisse. — Oh ! quel homme intraitable ! |
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S'écria Rozemon. Suis-je donc insolvable ? |
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— Vous me devez déjà sans pouvoir me payer, |
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Et si j'étais méchant… |
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Et si j'étais méchant… — Faut-il vous supplier ? |
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— Non, Monsieur ; la prière a sur moi peu d'empire, |
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Et de tous les moyens je crois que c'est le pire. |
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— Eh bien ! vous me forcez à vous avouer tout. |
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Vous êtes sans pitié… mais j'irai jusqu'au bout. |
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J'aime… ou plutôt j'adore une charmante, femme, |
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— Qu'est-ce que ça me fait ? |
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— Qu'est-ce que ça me fait ? — C'est une grande dame. |
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Pour obtenir son cœur il m'a fallu du temps. |
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J'ai dû lui consacrer mille soins, mille instants. |
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Jusqu'ici tout va bien ; mais il me faut poursuivre, |
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Et comment triompher ?… Je n'ai plus de quoi vivre ! |
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— Ceci, mon cher Monsieur, dit le juif d'un ton sec, |
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Semble vous rapprocher de ce qu'on nomme un grec. |
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Vous agiriez bien mieux en vous tenant tranquille. |
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170 |
Au lieu de vous ouvrir une carrière utile, |
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Pourquoi perdre le temps, qui sitôt nous a fui, |
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En roucoulant auprès de la femme d'autrui ? » |
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Le baron un instant détourna son visage, |
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Où le dépit fougueux imprimait un orage. |
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Il reprit d'une voix qu'il voulait adoucir : |
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« — Ainsi je ne puis donc près de vous réussir ? |
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— Songez à mon avis ; il est bon et sincère. |
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— Un avis !… Votre argent m'était seul nécessaire ! |
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A quelque homme moins dur s'il faut avoir recours, |
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Je n'en verrai pas moins madame de Cercourt. |
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— Madame de Cercourt ! s'écria Zacharie. |
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— Son nom m'est échappé… Qu'avez-vous, je vous prie ? |
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— Rien. |
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— Rien. — Vous êtes ému. Pas d'indiscrétion ! |
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Je châtîrais l'auteur d'une telle action. |
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185 |
— Me préserve le ciel de nuire à la tendresse |
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Qui vous tient tant à cœur… |
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Qui vous tient tant à cœur… — Cela vous intéresse |
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Maintenant ? demanda Rozemon tout surpris. |
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— Peut-être ; mais enfin quel sera votre prix |
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Si vous réussissez ? |
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Si vous réussissez ? — Je deviendrai le maître |
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Dans la maison. |
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Dans la maison. — Après ? |
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190 |
Dans la maison. — Après ? — Vous en voulez connaître |
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Beaucoup trop. |
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Beaucoup trop. — Mais j'y suis pour mon argent. |
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Beaucoup trop. — Mais j'y suis pour mon argent. — C'est vrai ; |
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Cependant avant peu je vous rembourserai. |
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— Madame de Cercourt est riche ? |
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— Madame de Cercourt est riche ? — Autant que belle. |
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— Je comprends, je comprends ; vous me paîrez par elle ; |
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195 |
Et mon affaire ainsi n'en ira pas plus mal. |
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— Certainement. |
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— Certainement. — Eh mais, le pauvre général… » |
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Arthur dit tout surpris : |
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Arthur dit tout surpris : « — Vous connaissez son grade ? |
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— Ce fut un de nos bons généraux de brigade ; |
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Son nom est très-célèbre. Il vous faut, disiez-vous, |
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Mille écus ?… Les voici. |
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Mille écus ?… Les voici. — Quel brave homme ! |
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200 |
Mille écus ?… Les voici. — Quel brave homme ! — Tout doux ! |
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Vous me rendrez cela dans deux mois. |
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Vous me rendrez cela dans deux mois. — Je le jure. |
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|
— Sur l'honneur ? |
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— Sur l'honneur ? — Sur l'honneur. |
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— Sur l'honneur ? — Sur l'honneur. — Ce serait un paparjure
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Si vous ne teniez pas ce serment solennel. » |
12 |
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Arthur fit son billet. |
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|
Arthur fit son billet. « — Fort bien. A mon appel |
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205 |
Vous répondrez, Monsieur, en m'apportant la somme. |
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— Oui, mon cher Zacharie. » |
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— Oui, mon cher Zacharie. » Et d'un bond le jeune homme |
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S'élança vers la porte et s'en fut en chantant, |
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Comme après la victoire on va le cœur content, |
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Sans penser qu'il pouvait s'adresser un reproche |
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210 |
Sur le prix de cet or qu'il avait dans sa poche. |
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Quant au duc, il riait ainsi qu'un bienheureux. |
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Le juif fixant sur lui ses deux grands yeux vitreux, |
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Paraissait étonné de cette gaîté folle. |
12 |
|
Le duc s'en expliqua. |
|
|
Le duc s'en expliqua. « — Je crois, sur ma parole, |
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215 |
Dit-il, que le hasard est souvent, fort adroit ; |
12 |
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Vers un plaisant mystère il m'a conduit tout droit. |
12 |
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Avec ce bon Cercourt je suis ami d'enfance ; |
12 |
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Mais qu'un autre que moi prenne en main sa défense. |
12 |
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Fatigué du bonheur de son long célibat, |
12 |
220 |
Il a voulu l'hymen malgré notre débat. |
12 |
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Invalide guerrier, il a pris jeune femme… |
12 |
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Le feu brûle bientôt le vieux bois qui s'enflamme. |
12 |
|
Donc malheur à Cercourt. |
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Donc malheur à Cercourt. — Oui, malheur ! répéta |
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|
L'usurier, dont le poing tout crispé s'agita. |
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225 |
— Quel air sombre, mon cher !… Eh ! j'y pense, vous-même |
12 |
|
Vous venez de m'offrir un étrange problème. |
12 |
|
Quoi ! vous êtes d'abord non moins dur qu'un rocher, |
12 |
|
Puis tout subitement vous vous laissez toucher ! |
12 |
|
— Oui, dit le juif, c'est là mon secret, je le garde. |
12 |
|
— Si Cercourt se fâchait ? |
|
230 |
— Si Cercourt se fâchait ? — Oh ! cela me regarde : |
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|
Nous avons entre nous certain grief ancien ; |
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S'il défend son honneur, je dois venger le mien. |
12 |
|
— Que pouvez-vous avoir à démêler ensemble ? |
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— C'est une vieille histoire ; et la chose vous semble |
12 |
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Bizarre, inconcevable ? |
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235 |
Bizarre, inconcevable ? — Étrange au dernier point. |
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|
Confiez-moi, mon cher… |
|
|
Confiez-moi, mon cher… — Je ne parlerai point. |
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Sur ce chapitre-là je suis inexorable. |
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— Adieu donc, Talleyrand des Juifs. |
|
|
— Adieu donc, Talleyrand des Juifs. — Va-t'en au diable ! |
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Grommela l'usurier, quand le duc fut dehors. |
12 |
240 |
Payé par toi, je vais appréhender au corps |
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Le malheureux voué sans doute à ta vengeance. |
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Le haut prix que tu mets fera ma diligence. |
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Et toi, hasard, et toi qui livres à mes coups |
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Mon ennemi mortel, je suis à tes genoux ! |
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245 |
Je bénis le moyen que ta bonté m'envoie ! |
12 |
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Oh ! sortons, oh ! sortons… On peut mourir de joie ! » |
12 |