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Quand Firmin reparut au château, la tristesse |
12 |
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En avait éloigné les hôtes ; — la comtesse |
12 |
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Pâle, les yeux en pleurs, les traits bouleversés, |
12 |
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Dans son cœur ulcéré gardait de noirs pensers. |
12 |
5 |
Sans cesse interrogeant la pendule trop lente |
12 |
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Et toute consumée en une affreuse attente, |
12 |
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Elle était par l'esprit bien loin de ce séjour, |
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Et de son défenseur épiait le retour. |
12 |
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Le comte, non moins sombre et gardant le silence, |
12 |
10 |
Ou bien jetant sa voix pleine de violence |
12 |
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Et brusquant ses valets, se tenait enfermé. |
12 |
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De sinistres éclairs son regard animé |
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Interrogeait les traits de la comtesse, et vite |
12 |
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Se détournait. — Ainsi le voyageur évite, |
12 |
15 |
Après l'avoir sondé, le gouffre menaçant. |
12 |
|
Sous un pareil regard se glace tout le sang. |
12 |
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Quelque chose disait à l'épouse coupable : |
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« Le secret est connu ; la justice implacable |
12 |
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Apprête un châtiment terrible et mérité. |
12 |
20 |
Le mal, même ici-bas, n'a point l'impunité. » |
12 |
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Voilà comme à la joie, au bonheur sans nuage |
12 |
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Venait de succéder le règne des orages. |
12 |
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Le bruit d'une voiture a retenti. Firmin |
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Paraît ; une cravate enveloppait sa main. |
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25 |
Le jeune homme était pâle ainsi qu'un jour d'automne. |
12 |
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La comtesse à sa vue et chancelle, et frissonne… |
12 |
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Le général, non moins surpris, s'est écrié : |
12 |
|
« — Qu'as-tu donc, et pourquoi ton bras est-il plié ? |
12 |
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Est-ce d'un accident que provient ta blessure ? |
12 |
30 |
— Oh ! tranquillisez-vous, c'est une meurtrissure, |
12 |
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Dit Firmin. |
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|
Dit Firmin. — Tu parais souffrir. |
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Dit Firmin. — Tu parais souffrir. — Moi, pas du tout. |
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— Tu sembles avoir peine à te tenir debout. |
12 |
|
— Vous croyez ?… Ce n'est rien… L'émotion, la joie… |
12 |
|
Mais vous, cher comte, au deuil êtes-vous donc en proie ? |
12 |
35 |
Quand je vous ai quitté, votre unique souci |
12 |
|
C'était de voir régner tous les plaisirs ici. |
12 |
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Vous voilà tout pensif. |
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Vous voilà tout pensif. — Tu te trompes peut-être. |
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— Non, je vous aime trop pour ne pas m'y connaître. |
12 |
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Mais insister serait sans doute m'exposer |
12 |
40 |
A vous être importun… Je vais me reposer |
12 |
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Dans ma chambre ; à dîner nous serons tous ensemble. » |
12 |
|
Il s'éloigne, laissant la comtesse qui tremble ; |
12 |
|
Bientôt il reviendra la rejoindre au salon ; |
12 |
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Elle l'a deviné. — Mais que le temps est long |
12 |
45 |
Lorsque de son maintien il faut faire l'étude ! |
12 |
|
Enfin le général, suivant son habitude, |
12 |
|
Monte à cheval et va se promener au loin. |
12 |
|
Paul descend aussitôt. Ils étaient sans témoin |
12 |
|
Et pouvaient échanger leur triste,confidence ; |
12 |
50 |
Car le chagrin profond veut son indépendance. |
12 |
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Devant l'indifférent qui pourrait les troubler, |
12 |
|
Les pleurs, signe de deuil, n'aiment pas à couler. |
12 |
|
« — Eh bien ! dit Amélie. |
|
|
« — Eh bien ! dit Amélie. — Eh bien !… ayez, Madame, |
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|
L'unique souvenir de vos devoirs de femme. |
12 |
55 |
Rejetez à jamais du fond de votre cœur |
12 |
|
L'indigne sentiment qui le tenait vainqueur ; |
12 |
|
Soyez toute à celui qui, sur votre promesse, |
12 |
|
Avait de ses vieux ans ranimé l'allégresse, |
12 |
|
Et qui de son honneur, sur ce serment pieux, |
12 |
60 |
Avait mis en vos mains le dépôt précieux. |
12 |
|
Vivez pour lui, par lui ; que chaque jour s'attache |
12 |
|
A réparer la faute, à laver cette tache. |
12 |
|
— Oui, oui, je le ferai. Mais enfin dites donc |
12 |
|
— Oh ! vous aimez encor, même après l'abandon, |
12 |
65 |
Après la perfidie !… et vous voulez connaître |
12 |
|
Comment le ciel vengeur fait justice d'un traître. |
12 |
|
— Il est mort ! ! |
|
|
— Il est mort ! ! — Oui, Madame. |
|
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— Il est mort ! ! — Oui, Madame. — Il est mort !… Il est mort ! ! |
|
|
— Le bon droit, cette fois, fut le droit du plus fort. |
12 |
|
Faut-il le répéter : que pas un seul vestige |
12 |
70 |
Ne reste de ce temps de trouble et de vertige. |
12 |
|
Ainsi ne laissez plus dans votre souvenir |
12 |
|
Place à des sentiments qui purent vous ternir ; |
12 |
|
Rejetez à jamais la fatale pensée |
12 |
|
De cet enivrement où vous fûtes bercée. |
12 |
75 |
Qu'en voyant votre front pur et rasséréné |
12 |
|
De l'ancienne auréole encore environné, |
12 |
|
Je me dise : La paix à son âme est rendue |
12 |
|
Et la grâce de Dieu sur elle est descendue. |
12 |
|
Redevenez vous-même, et les anges du ciel |
12 |
80 |
Obtiendront le pardon près du juge éternel. |
12 |
|
Oh ! que le repentir, en vous rendant sublime, |
12 |
|
Vous fasse, s'il se peut, plus grande après le crime. |
12 |
|
Le seul regret permis n'est que dans le remord ; |
12 |
|
Votre époux est vivant si votre amant est mort. |
12 |
85 |
Vous n'avez pas le droit de verser une larme : |
12 |
|
Car il est des douleurs dont la pudeur s'alarme. |
12 |
|
Je n'ajoute qu'un mot : vous pouvez réparer |
12 |
|
Le délire fatal qui vint vous enivrer. |
12 |
|
Mais pour que vous puissiez tenir la tête haute, |
12 |
90 |
A force de vertus oubliez votre faute. |
12 |
|
— Oui, oui, mon bon Firmin… Oui, vous avez raison … |
12 |
|
Je… ne… veux… Que je souffre ! » |
|
|
Je… ne… veux… Que je souffre ! » En effet, le frisson |
|
|
Parcourait tout son corps ; une pâleur mortelle |
12 |
|
Avait couvert ses traits. Firmin s'approchant d'elle |
12 |
95 |
La reçut chancelante, et sur un canapé |
12 |
|
Déposa son beau corps par la douleur frappé, |
12 |
|
Puis sonna vivement. Une femme de chambre |
12 |
|
Accourut ; on porta la comtesse en sa chambre ; |
12 |
|
Elle avait le délire, une fièvre de feu. |
12 |
|
Comment se procurer un médecin ?… |
|
100 |
Comment se procurer un médecin ?… « — Mon Dieu ! |
|
|
Dit Firmin, des valets la lenteur est extrême. |
12 |
|
Qu'on me selle un cheval !… Je vais courir moi-même |
12 |
|
A la ville voisine. |
|
|
A la ville voisine. « Il part comme le vent. |
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|
Sa pensée inquiète est encore en avant |
12 |
105 |
Et lui fait entrevoir, dans un avenir sombre, |
12 |
|
Un cortége de maux sans mesure et sans nombre. |
12 |
|
Il s'accuse d'avoir été cruel et dur : |
12 |
|
« Pourtant j'ai combattu pour un principe pur : |
12 |
|
J'ai rempli mon devoir ; et, craignant sa folie, |
12 |
110 |
Moi-même j'ai brûlé les lettres d'Amélie. |
12 |
|
Se peut-il que chez elle il subsiste un regret ? |
12 |
|
S'il était vrai, mon cœur, je crois, la haïrait. |
12 |
|
Non, c'est l'émotion, ce flambeau qui dévore… |
12 |
|
Si ce n'est pas pour moi qui la chéris encore |
12 |
115 |
Et qui dois à jamais la quitter tôt ou tard, |
12 |
|
Mon Dieu ! conservez-la pour ce pauvre vieillard ; |
12 |
|
Car de la pâle mort, qui lui prendrait sa joie, |
12 |
|
Lui le pauvre vieillard il deviendrait la proie ; » |
12 |
|
Et pressant son cheval du fouet, de l'éperon, |
12 |
120 |
Il dévorait l'espace ainsi qu'un tourbillon. |
12 |
|
Pendant ce temps le comte, au chevet de sa femme, |
12 |
|
Suivait, morne et pensif, les ravages de l'âme. |
12 |
|
Le vieillard se taisait ; mais un œil attentif |
12 |
|
Parfois l'eût vu froisser, d'un geste convulsif, |
12 |
125 |
Un papier qu'il tenait caché sur sa poitrine. |
12 |
|
D'un feu sombre parfois son regard s'illumine ; |
12 |
|
Il jette quelques mots sans suite ; l'on croirait |
12 |
|
Que ces vagues discours renferment un secret. |
12 |
|
Parfois même il sourit ; mais le froid de la tombe |
12 |
130 |
Sur son front qui se plisse et sur sa lèvre tombe… |
12 |
|
A la triste malade il semble s'attacher, |
12 |
|
Comme un ange de mort venu pour la chercher. |
12 |
|
Cependant Amélie était dans le délire. |
12 |
|
Sur ses traits le vieillard continuait de lire ; |
12 |
135 |
Et plus elle jetait de soupirs et de cris, |
12 |
|
Plus il avait de deuil en ses yeux assombris. |
12 |
|
Les serviteurs allaient, venaient, couraient sans ordre ; |
12 |
|
Le château n'offrait plus que l'aspect du. désordre ; |
12 |
|
On pleurait, on parlait à voix basse, et surtout |
12 |
|
On appelait Firmin… |
|
140 |
On appelait Firmin… Paul apparut au bout |
|
|
De la grande avenue, épuisé, sans haleine ; |
12 |
|
Son cheval qu'il forçait se soutenait à peine… |
12 |
|
Le docteur du pays venait à quelques pas. |
12 |
|
Ils entrèrent tous deux, mornes et parlant bas. |
12 |
145 |
La comtesse, tantôt abattue et tremblante, |
12 |
|
Tantôt dans le transport de la fièvre brûlante, |
12 |
|
Murmurait quelques mots dont le sens était clair. |
12 |
|
Firmin sentit passer une sorte d'éclair |
12 |
|
Entre l'esprit du comte et le sien. |
|
|
Entre l'esprit du comte et le sien. « — Pauvre femme, |
|
150 |
La douleur a vaincu la raison dans ton âme, |
12 |
|
Se dit-il, tu te perds… et tu perds avec toi |
12 |
|
Celui qui ne peut plus se fier à ta foi. |
12 |
|
Pauvre enfant ! » |
|
|
Pauvre enfant ! » Le docteur écrivit l'ordonnance. |
|
|
« Des soins intelligents, du calme, du silence |
12 |
155 |
Abattront cette fièvre et vaincront le danger ; |
12 |
|
Car, tout grave qu'il est, ce mal est passager : |
12 |
|
Quelque altération l'aura produit sans doute. » |
12 |
|
« — Arthur… Dieu nous a vus… Oh ! prends bien garde… écoute… |
12 |
|
Le monde est sans pitié pour un coupable amour ; |
12 |
160 |
Cachons-nous dans la nuit… Je rougis dans le jour… |
12 |
|
Trahison !… trahison !… chassez la courtisane !… |
12 |
|
Tu peux m'abandonner, car le ciel me condamne. » |
12 |
|
La comtesse jeta ces mots, puis s'affaissa ; |
12 |
|
Sur ses yeux par degrés le sommeil se glissa. |
12 |
|
L'on sortit doucement. |
|
165 |
L'on sortit doucement. « — Le sommeil c'est la vie, » |
|
|
Dit le docteur. |
|
|
Dit le docteur. Firmin aurait eu grande envie |
|
|
De fuir le général ; celui-ci le retint |
12 |
|
Par le bras, le mena dans le parc, et lui tint |
12 |
|
Ce pénible discours, écho de sa souffrance : |
12 |
170 |
« — Mon Paul, j'ai mis en toi toute ma confiance. |
12 |
|
Enfant, tu n'avais pas cette frivolité |
12 |
|
Dont on fait un beau masque à la perversité. |
12 |
|
Ton âme généreuse, ouverte, sans nuage, |
12 |
|
De ton excellent père offrait l'exacte image. |
12 |
175 |
Je t'ai toujours aimé : c'est donc à ton honneur |
12 |
|
Que je vais confier ma honte, mon malheur. |
12 |
|
Il me faut devant toi rougir dans ma vieillesse |
12 |
|
Et montrer à la fois ma fureur, ma faiblesse. |
12 |
|
Je suis déshonoré, Paul. |
|
|
Je suis déshonoré, Paul. — Vous ! |
|
|
Je suis déshonoré, Paul. — Vous ! — En doutes-tu ?… |
|
180 |
Un démon est venu corrompre la vertu. |
12 |
|
L'infâme m'a ravi, sous des dehors modestes, |
12 |
|
Un bien que je mettais parmi les biens célestes. |
12 |
|
Amélie a rompu notre lien sacré… |
12 |
|
Je suis déshonoré ! je suis déshonoré ! |
12 |
185 |
— Mon digne ami, mon père, oh ! gardez-vous d'admettre… |
12 |
|
— Tiens, si tu ne veux pas me croire, cette lettre |
12 |
|
Prouvera qu'Amélie, en son fiévreux transport, |
12 |
|
À trahi le secret qui brise notre sort. |
12 |
|
Oh ! je voulais douter… J'appelais calomnie |
12 |
190 |
Le poison distillé par un vil Zacharie ; |
12 |
|
Un juif, dont autrefois le père m'a volé… |
12 |
|
Mais le secret fatal s'est pour moi dévoilé. |
12 |
|
Là fièvre disait vrai… Lis, Firmin, lis toi-même, |
12 |
|
Et vois comme le juif me jette l'anathème ! » |
12 |
195 |
Le jeune homme en tremblant lut ces mots outrageants : |
12 |
|
«Comte, vous avez en jadis, parmi vos gens |
12 |
|
« L'homme de qui je tiens et mon nom et ma vie, |
12 |
|
« Zacharie Alfernès. — Par une basse envie |
12 |
|
« On l'accusa d'avoir dilapidé vos biens ; |
12 |
200 |
« Car toujours sur le juif frapperont les chrétiens. |
12 |
|
« C'était, quoi qu'on ait dit, un intendant honnête. |
12 |
|
« Vous vîntes furieux… il demandait l'enquête, |
12 |
|
« Mais vous jeune, bouillant, vous officier sabreur, |
12 |
|
« Sans daigner écouter le pauvre serviteur, |
12 |
205 |
« Vous le fîtes jeter, par une nuit d'orage, |
12 |
|
« Hors de votre château. Non contents de l'outrage, |
12 |
|
« A grands coups de bâton vos gens sur le chemin |
12 |
|
« Le chassèrent… Mon père en est mort de chagrin !… |
12 |
|
« Avec son souvenir mon cœur, d'intelligence, |
12 |
210 |
« Garda, comme un trésor, l'espoir de la vengeance. |
12 |
|
« J'ai nourri, caressé, réchauffé cet espoir. |
12 |
|
« Je vous voyais de loin… Vous ne pouviez me voir… |
12 |
|
« Car je suis un insecte inaperçu dans l'herbe… |
12 |
|
« Mais l'insecte parfois mord le lion superbe. |
12 |
215 |
« J'attendais le hasard a secondé mes vœux |
12 |
|
« En me vengeant de vous autant que je le veux. |
12 |
|
« Un homme s'est glissé, comme unune bête fauve, |
12 |
|
« Pour prendre votre femme, au sein de votre alcôve. |
12 |
|
« Cet homme est jeune, beau, séduisant, plein d'ardeur, |
12 |
220 |
« Intrépide, sautant à pieds joints sur l'honneur. |
12 |
|
« Cet homme s'est joué de votre humeur crédule ; |
12 |
|
« Cet homme a fait de vous un époux ridicule… |
12 |
|
« Pour qu'à son aise il pût se pavaner chez vous, |
12 |
|
« Il a reçu de moi trois mille francs. — L'époux |
12 |
225 |
« Payait les intérêts, et je crois que la femme |
12 |
|
« A remboursé les frais de cette belle flamme. |
12 |
|
« Mon père est bien vengé ; je puis mourir content. |
12 |
|
« Et vous, notre oppresseur, en diriez-vous autant ? |
12 |
|
« Adieu, comte, je pars. Le monde est la patrie |
12 |
|
« Des Juifs ; n'essayez pas d'y trouver |
|
230 |
« Des Juifs ; n'essayez pas d'y trouver«ZACHARIE. » |
|
|
A peine Paul Firmin avait-il achevé |
12 |
|
De lire cet écrit que, le cœur soulevé |
12 |
|
De dégoût, il broya le papier qu'un reptile |
12 |
|
Avait,comme à plaisir,maculé de sa bile ; |
12 |
235 |
Il reprit les morceaux pour les briser encor. |
12 |
|
Alors à son courroux donnant un libre essor : |
12 |
|
« — Eh bien ! lui dit le comte, il est sans doute infâme ; |
12 |
|
Mais les aveux sortis des lèvres de ma femme |
12 |
|
Ne me permettent pas de douter… Cet Arthur |
12 |
240 |
A détruit mon bonheur, et l'opprobre est bien sûr … |
12 |
|
Reste au château… je veux partir, je veux… |
|
|
Reste au château… je veux partir, je veux… — Qu'entends-je ! |
|
|
Vous partir ! |
|
|
Vous partir ! — Songe donc qu'il faut que je me venge. |
|
|
— A votre âge ! courir les hasards d'un combat ! |
12 |
|
— Va, si près du tombeau sans crainte l'on se bat. |
12 |
245 |
D'ailleurs, j'éprouve là tant de douleur, de rage, |
12 |
|
Que je ne ressens plus les glaces de mon âge. |
12 |
|
Du sang ! je veux du sang, pour mon honneur flétri ! |
12 |
|
Tout le sang de l'amant pour, les pleurs du mari !… |
12 |
|
Peut-être chacun rit comme ce juif immonde : |
12 |
250 |
L'éclat de ma fureur étonnera le monde. |
12 |
|
Malheur à ce baron au crime habitué ! |
12 |
|
Il faut que je le tue… Adieu. |
|
|
Il faut que je le tue… Adieu. — Je l'ai tué. |
|
|
— Se peut-il ! tu m'as pris cette suprême joie |
12 |
|
Cet homme était à moi, cet homme était ma proie. |
12 |
255 |
Oh ! je ne puis bénir ton pieux dévoûment. » |
12 |
|
Et le comte s'enfuit, dans un égarement, |
12 |
|
Dans un trouble si grand, si profond, si terrible, |
12 |
|
Qu'il devint pour ses gens une ombre inaccessible, |
12 |
|
Excepté pour Firmin que rien ne rebutait, |
12 |
260 |
Et dont l'attachement chaque jour s'augmentait. |
12 |
|
Depuis que de la honte il supportait l'étreinte, |
12 |
|
Le comte avait senti son existence éteinte ; |
12 |
|
Cet homme ne vivait que dans un sentiment, |
12 |
|
Et son dernier amour était un doux roman… |
12 |
265 |
Lui, fatigué des chocs d'une rude carrière, |
12 |
|
Il avait retrouvé dans son âme guerrière |
12 |
|
Ce feu de la jeunesse et cette bonne foi |
12 |
|
Qui font qu'en donnant tout on voudrait tout pour soi. |
12 |
|
Être si confiant et, se créant un culte, |
12 |
270 |
Semer la loyauté pour recueillir l'insulte ; |
12 |
|
Avoir livré son nom sans tache pour le voir |
12 |
|
Souillé pour un dandy qui se rit du devoir. |
12 |
|
C'est un coup trop affreux, un coup mortel !… Le comte |
12 |
|
Eût grandi sous le deuil, il pliait sous la honte, |
12 |
275 |
Et dans son déshonneur, pourtant immérité, |
12 |
|
Sentait s'anéantir et vie et dignité. |
12 |
|
L'excès de ce chagrin qui lentement nous mine |
12 |
|
A ce noble vieillard préparait la ruine. |
12 |
|
Le comte se soutint longtemps par un effort, |
12 |
280 |
Jusqu'au dernier moment voulant paraître fort ; |
12 |
|
Comme on voyait jadis dans les jeux de l'arène |
12 |
|
L'athlète terrassé, se traînant avec peine, |
12 |
|
Par un dernier salut qu'il faisait de la main |
12 |
|
Embellir son trépas pour le peuple romain. |
12 |
285 |
Le jour vint cependant, la coupe étant vidée, |
12 |
|
Où le vieillard sentit qu'on mourait d'une idée. |
12 |
|
Il prit le lit. La fièvre à son tour le minait, |
12 |
|
Tandis que la comtesse au monde revenait : |
12 |
|
Car la jeunesse était le sauveur d'Amélie, |
12 |
290 |
Et la raison avait surmonté la folie. |
12 |
|
Elle voulut revoir — ne fût-ce qu'une fois |
12 |
|
— Son époux… Il frémit à l'accent de sa voix, |
12 |
|
Et se dressant terrible : |
|
|
Et se dressant terrible : « — Osez-vous bien, Madame, |
|
|
Montrer sur votre front les souillures de l'âme ? |
12 |
295 |
Sortez… Vous me tuez deux fois… Sortez d'ici ! |
12 |
|
Pour qui fut sans pitié je serai sans merci. » |
12 |
|
La comtesse sortit en pleurs et consternée. |
12 |
|
Paul Firmin était là ; car toute sa journée |
12 |
|
Se passait près du comte, et jamais infirmier |
12 |
300 |
Ne sut aux moribonds se vouer plus entier. |
12 |
|
Le jeune homme approcha sa chaise, et d'un ton grave : |
12 |
|
« — Quoi ! du ressentiment êtes-vous donc l'esclave, |
12 |
|
Dit-il, et gardez-vous au fond de votre cœur |
12 |
|
A travers la souffrance une implacable ardeur ? |
12 |
305 |
Un moment vient où l'homme avec calme mesure |
12 |
|
Ses biens et ses malheurs, sa joie et sa blessure, |
12 |
|
Et voit comme il faut peu se fier ici-bas |
12 |
|
Au fantôme trompeur qui nous tendait ses bras. |
12 |
|
Quand s'entr'ouvre le ciel, séjour où rien n'altère |
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Notre félicité, que petite est la terre ! |
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Les intérêts du jour, pleins de fragilité, |
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S'effacent tout à coup devant l'éternité. |
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Je ne vous cache pas, à vous dont le courage |
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Trompa souvent la mort au milieu du carnage, |
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Je ne vous cache pas que vous serez bientôt |
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Aux pieds du Souverain qui nous juge là-haut : |
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Il vous demandera si vous avez fait grâce. |
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Et comment pourriez-vous désarmer sa menace, |
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Si vous n'aviez pas eu dans le cœur ce pardon |
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Qui reste aux opprimés comme un céleste don ? |
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Vous, juge sur la terre, imitez sa clémence ; |
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Pour le pécheur contrit sa douceur est immense ; |
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Il envoya son Christ, il répandit son sang |
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A sa loi de pardon soyez obéissant, |
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Afin qu'il vous accorde, en sa grâce éternelle, |
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Le prix de vos bienfaits pour l'âme criminelle. |
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On est grand par l'oubli plus que par le courroux, |
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Et le ressentiment doit s'éteindre avec vous. » |
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Le comte réfléchit ; — puis rouvrant sa paupière |
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Qui semblait s'affaisser sous le poids de la pierre, |
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Il murmura ces mots : |
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Il murmura ces mots : « — Tu dictes mon devoir. |
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Qu'elle vienne, Firmin ; je consens à la voir. » |
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Firmin l'alla chercher dans la pièce voisine |
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Elle entra… Sa pâleur, son trouble se devine… |
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Courbée aux pieds du lit, sans parler, en pleurant, |
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Elle attendait l'arrêt des lèvres du mourant. |
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Et celui-ci sentait sa force ranimée |
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Devant son Amélie… Il l'avait tant aimée ! |
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Voici ce qu'il lui dit : |
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Voici ce qu'il lui dit : « — Ne crains rien près de moi |
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Qui veux te pardonner ; car j'ai compris la loi |
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De douceur, par Dieu même écrite en l'Évangile. |
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Et nous ne devons point, pour un bonheur fragile, |
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Pour des biens passagers conserver dans nos cœurs, |
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Créatures d'un jour, d'éternelles rigueurs. |
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Tu faisais mon orgueil, mais j'avais trop de joie ; |
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Et comme un lac trompeur notre bonheur nous noie, |
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Quand nous nous livrons trop au charme décevant |
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De notre illusion qui fuit comme le vent. |
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Je te pardonne, ô toi qui gémis sur ta faute ; |
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Et tu pourras encor tenir la tête haute : |
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Car nul ne devra plus te demander raison |
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De ton égarement et de ta trahison. |
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Ma bénédiction épurera ton âme. |
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Va donc, toi que j'aimais, Amélie, ô ma femme, |
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Dernier rêve, dernier enchantement pour moi ! |
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J'eus tort : aurais-je dû te sacrifier toi, |
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T'attacher, toi brillante et belle de jeunesse, |
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A l'amour d'un époux glacé par la vieillesse ? |
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L'harmonie est la loi du bonheur ici-bas. |
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La prudence parlait, je ne l' écoutai pas ; |
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A mes désirs livré, j'en savourai les charmes. |
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Où manque l'harmonie, un jour coulent les larmes. |
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Je m'accuse, je suis coupable du malheur |
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Qui termine ma vie et ternit mon honneur. |
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Adieu !… Donne parfois une bonne pensée |
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A l'époux qui n'est plus, à l'image effacée. |
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Garde mon souvenir, il te protégera, |
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Et, comme je l'ai fait, Dieu te pardonnera. » |
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Il étendit les mains et bénit la comtesse. |
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Chaque moment venait redoubler sa faiblesse. |
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Un regard d'Amélie alla remercier |
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Firmin ; puis elle dit : |
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Firmin ; puis elle dit : « — Pour me purifier |
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Il faut plus qu'un pardon, il faut la pénitence. |
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Votre bonté m'a fait entendre ma sentence ; |
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Et le ciel me prescrit un devoir tout nouveau : |
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Je veux, je veux vivante entrer en mon tombeau ; |
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Je veux, loin des plaisirs, loin des fêtes du monde, |
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Au sein d'une retraite inconnue et profonde |
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Consacrer tous mes jours à soigner les souffrants, |
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Soutenir les vieillards, élever les enfants, |
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Sous la robe de bure accomplir cette tâche |
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Et, Sœur de Charité, travailler sans relâche, |
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Pour que Firmin sur terre et vous auprès de Dieu |
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Vous puissiez m'estimer. |
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Vous puissiez m'estimer. — Mon Amélie, adieu ! |
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Viens, Paul, ô mon ami, viens toi qui fus ma femme, |
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Je vous bénis… Mon Dieu, mon Dieu, reçois mon âme ! » |
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Le lendemain, la cloche aux tristes tintements |
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Portait au loin l'écho de ses gémissements. |
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