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Cependant Paul courut à l'hôtel de Surville. |
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Il y trouva Caron qui, pour former son style, |
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Lisait très-gravement les harangues du duc. |
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Déjà le secrétaire avait un air caduc, |
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Ainsi qu'un vieux portrait dans une boiserie. |
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« — Eh quoi ! Firmin, si tard ! |
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« — Eh quoi ! Firmin, si tard ! — Laissons là, je te prie, |
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Tout préambule. Apprends que dès demain je dois |
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Avec de Rozemon me rencontrer au Bois. |
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Rendez-vous est donné. La motif qui m'anime |
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Crois-le, mon cher Caron, est plus que légitime. |
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De ta vieille amitié demain j'aurai besoin. |
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Puis-je compter sur toi pour être mon témoin ? » |
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Caron, sans interrompre, écoutait calme et grave. |
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« — Ainsi d'un préjugé Firmin subit l'entrave ! |
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S'écria-t-il, et lui dont la haute raison… |
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— Mon cher, cette homélie est fort peu de saison. |
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Il faut que je me batte. |
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Il faut que je me batte. — Il le faut ! c'est étrange ! |
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— On outrage une femme… il faut que je la venge. |
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— Voilà donc le grand mot ! Un mari, je conçois, |
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Pourrait, à la rigueur, braver ainsi les lois ; |
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Mais aller te jeter dans une telle affaire, |
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C'est jeune, c'est naïf autant que téméraire. |
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— Puis-je compter sur toi ? |
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— Puis-je compter sur toi ? — Malheureux ! qu'as-tu dit ? |
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Moi témoin d'un duel, quand il est interdit ! |
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Dans ma position j'irais me compromettre ! |
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— C'est bien. N'en parlons plus. J'aurais dû te connaître, |
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Dit amèrement Paul. Chez toi toute action |
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Pour cause a l'intérêt, pour but l'ambition. |
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Je vais chercher ailleurs un ami plus sincère. » |
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« — De venir m'ennuyer était-il nécessaire ? » |
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Se dit Caron, alors que Firmin fut parti. |
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Bientôt de l'incident le duc fut averti |
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Et de son secrétaire il vanta la conduite. |
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« — Vous êtes, lui dit-il, un garçon de mérite, |
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Et vous vous lancerez, je l'espère, avant peu. |
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Laissez aux imprudents cette ardeur, ce grand feu ; |
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Prenez dans mon passé les exemples à suivre. |
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Ce n'est point pour autrui, c'est pour soi qu'il faut vivre. |
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Combien de jeunes fous vont, d'un pas diligent, |
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Dépenser l'un sa vie, et l'autre son argent ! |
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Gardez soigneusement cette double ressource : |
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Ne prodiguez pas plus le temps que votre bourse. |
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Chacun pour soi, mon cher, souvenez-vous-en bien ; |
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A qui ne donne pas, jamais ne manque rien |
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Mais je ris en songeant au motif de la lutte ! |
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Avec ce bon Cercourt j'eus plus d'une dispute ; |
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Il voulait épouser… Il voulait rajeunir… |
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Femme qu'on prend trop tard et qu'on pense tenir |
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Est un oiseau gentil, mais qui reste sauvage |
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Et guette le moyen de sortir de sa cage. |
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Il ne me croyait pas, ce brave général ; |
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C'est même tout au plus s'il me jugeait moral… |
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Vous le voyez, Caron, j'ai dans l'art de prédire |
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Un succès que jamais nul n'a pu contredire. |
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Jadis, de l'Empereur je prévis les revers : |
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Aussitôt aux Bourbons j'allai, les bras ouverts ; |
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Et lorsque des Bourbons la France fut purgée, |
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Au roi du sept août ma foi fut engagée. |
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Voilà de la prudence et de l'habileté !… |
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Nous partons dans deux jours, c'est un point arrêté. |
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A propos, le ministre accorde, à ma demande, |
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Pour vous, mon cher Caron, une faveur très-grande… |
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Cette boîte contient le brevet de la croix. |
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— Se peut-il, Monseigneur !… C'est à vous que je dois |
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Cet honneur ! |
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Cet honneur ! — Il est dû, mon cher, à votre grade. |
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La croix est nécessaire aux agents d'ambassade ; |
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Et tout le personnel doit être décoré, |
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Pour que l'ambassadeur soit très-considéré. » |
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