Métrique en Ligne
DLR_9/DLR867
Lucie Delarue-Mardrus
LES SEPT DOULEURS D'OCTOBRE
1930
VIII
BONHEURS
ÉPILOGUE
Je donne rendez-vous, dans l'avenir lointain, 12
A ceux qui liront mes poèmes. 8
Car j'y aurai laissé, morte, mes moelles mêmes, 12
A l'écart de mon temps que je n'ai pas atteint. 12
5 Ces générations invisibles encore 12
Que porte déjà dans ses reins 8
L'enfance d'aujourd'hui, candide et frêle flore, 12
Seront plus près de moi que mes contemporains. 12
Ceux-ci, que détournait ma présence réelle 12
10 Nonobstant jeunesse et beauté, 8
Seront restés, devant mes immenses coups d'aile, 12
Froids, et comme frappés de morne cécité. 12
En vain aurai-je été, dans mon ombre anxieuse, 12
La femme même de mes vers. 8
15 J'aurai brûlé pour eux comme une humble veilleuse. 12
Leurs yeux à mon soleil ne se sont pas ouverts. 12
Je désespère d'eux maintenant, ayant l'âge 12
Où le destin s'est accompli. 8
Amen ! De tous ceux-là détournant mon visage, 12
20 Je chante dans l'ivresse amère de l'oubli. 12
Comprendrez-vous jamais, races pas encor nées 12
Parmi quoi j'aurai mes amis, 8
Tout l'élan, tout l'espoir, tout l'amour que j'ai mis 12
Dans ces heures de foi que je vous ai données ? 12
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