Métrique en Ligne
DLR_9/DLR840
Lucie Delarue-Mardrus
LES SEPT DOULEURS D'OCTOBRE
1930
VII
L'ANGOISSE
LAUDES
Si je croyais en vous, si je croyais en vous, 12
Je serais sans cesse à genoux. 8
Je n'aurais pas assez de ma plus grande lyre 12
Pour tout ce qu'il faudrait vous dire. 8
5 Je vous dirais : Merci pour le vent, pour la mer, 12
Pour le ciel ténébreux ou clair. 8
Merci pour les prés verts rebrodés de corolles, 12
Le soleil, les averses molles. 8
Merci pour les parfums, merci pour les couleurs. 12
10 Pour les oiseaux et pour les fleurs. 8
Merci pour les saisons dont chacune m'étonne, 12
Et merci surtout pour l'automne. 8
Merci pour la beauté regardée en tous lieux, 12
Et de m'avoir donné des yeux. 8
15 Merci, mon Dieu, merci de m'avoir ainsi faite 12
Que je sois sur terre un poête… 8
Merci pour mon amour passionné de l'art, 12
Merci pour ma vie à l'écart, 8
Pour cette hypnose unie à la lucidité, 12
20 Pour cet amour de la bonté. 8
Pour ce détachement qui s'affirme sans cesse 12
Devant la fin de la jeunesse. 8
Pour la mysticité d'un cœur étrange et fort 12
Que toujours a charmé la mort. 8
25 Pour tout cela merci, pour tout cela louange 12
Sur l'invisible luth de l'ange, 8
Et pardon, et pardon jusqu'au fond de mon cœur, 12
Mon Dieu, d'aimer tant la douleur ! 8
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