Métrique en Ligne
DLR_9/DLR812
Lucie Delarue-Mardrus
LES SEPT DOULEURS D'OCTOBRE
1930
III
MAI, JOLI MAI !
D'UN SOIR DE MAI
Ma porte grande ouverte à l'esprit du printemps 12
Laissait entrer le soir et ses parfums de fête 12
Avec les chants aigus des oiseaux, à tue-tête, 12
Tout ce qui nous engage à n'avoir que vingt ans. 12
5 Les ombres du dehors tremblaient jusqu'à ma table, 12
Le parquet reflétait le crépuscule clair. 12
Et je restais assise à respirer cet air, 12
Cette fraîcheur, cette fraîcheur indubitable. 12
Je n'attendais, ne désirais qu'odeur de fleur, 12
10 Que charme d'un grand soir de printemps sans nuage. 12
Je ne comparais pas à tout cela mon âge, 12
Je ne regrettais pas 'automne de mon cœur, 12
Mais plutôt je songeais à la belle jeunesse 12
Telle qu'elle est pareille à ce soir d'aujourd'hui, 12
15 avec tout ce qu'elle a de force et de faiblesse, 12
Et j'aimais tendrement le printemps pour autrui. 12
Les morte et les vivants et moi-même passée 12
Vivaient autour de moi parmi cette beauté. 12
J'aimais, ‒ et qu'importait ma grande âme lassée ? ‒ 12
20 J'aimais le mois de mai dans son éternité. 12
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