Métrique en Ligne
DLR_9/DLR798
Lucie Delarue-Mardrus
LES SEPT DOULEURS D'OCTOBRE
1930
II
L'AVENUE
TROIS NOCTURNES
I
Les tilleuls gonflés de vent 7
Tâtent l'air du bout de leurs branches. 8
Derrière eux, le ciel mouvant 7
A la couleur des perles blanches. 8
5 J'écoute avec passion, 7
Engloutie au fond du mystère, 8
La grande respiration 8
De ces algues de la terre. 7
Mon cœur ne reste pas seul. 7
10 Parmi l'orageuse soirée, 8
Je salue, en chaque tilleul, 8
Le Grand Inconnu qui crée. 7
II
Sur un dernier pan de clarté, 8
Les tilleuls gorgés de ténèbres 8
15 Dressent de longs vitraux funèbres 8
Découpés dans le ciel d'été. 8
L'allée évoque en sa beauté 8
Bien des cathédrales célèbres. 8
Jusques au fond de mes vertèbres 8
20 Je respire ce soir hanté. 8
Vaste solitude de l'âme ! 8
Je ne suis plus homme ni femme 8
Dans l'ombre qui jette des sorts, 8
Mais, sous la nocturne émeraude, 8
25 Grave comme celui des morts, 8
Un invisible esprit qui rôde. 8
III
Dans la nuit pleine de silence, 8
Voici de grands coups sur le toit. 8
C'est la pluie et sa violence, 8
30 Quelque brusque grain de noroit. 8
Sous la lampe, travail, mystère ; 8
Dehors, néant muet et noir. 8
Maintenant j'écoute pleuvoir, 8
Bruit du ciel tombant sur la terre. 8
35 Parmi ces chocs intermittents, 8
Dans ma maison toute petit, 8
Je crois, sous mon toit qui crépite, 8
Que je navigue par gros temps. 8
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