Métrique en Ligne
DLR_7/DLR691
Lucie DELARUE-MARDRUS
A MAMAN
1920
V
A MES SŒURS
A MA SŒUR RELIGIEUSE
O toi, fille docile à cet appel fatal 12
Qui t'arracha si tôt à la tiède famille, 12
Toi dont la cornette qui brille 8
Imite les voiliers de notre port natal, 12
5 Ma sœur, t'en souviens-tu ? Vous en souvient-il, dites, 12
Que nous nous aimions bien, jadis, toutes les deux, 12
Quand, au fond du grand parc ombreux, 8
Nous étions, pour nos sœurs et maman, « les petites » ? 12
Moi qui déjà rêvais et ne croyais à rien, 12
10 Qui ne saurai jamais, hélas ! vers quoi je crie, 12
Que n'ai-je un cœur comme le tien 8
Pour faire une prière à ta Vierge Marie ! 12
Je lui demanderais, dans son éternité, 12
De vouloir bien bercer contre elle notre mère, 12
15 D'être sa sœur de charité 8
Pour remplacer là-haut notre amour éphémère 12
Elle nous a quittés pour s'en aller si loin ! 12
Je me dis que personne à présent ne la soigne, 12
Et je sens, ma peine en témoigne, 8
20 Qu'elle est toujours malade et qu'elle en a besoin 12
Je dirais : «Sainte Vierge, au fond du ciel qui tonne, 12
Veuillez toujours rester près de notre maman 12
Et la dorloter doucement, 8
Puisque, comme ma sœur, vous êtes une nonne 12
25 Maman ne croyait point en vous, pas plus que moi, 12
Mais maintenant qu'elle est à jamais dans la terre, 12
Le néant, cela fait si froid, 8
Que je cherche des noms à l'immense mystère 12
Notre sœur, consacrée à Saint Vincent-de-Paul, 12
30 Vous honore parmi d'autres belles images. 12
Elle voit de divins visages 8
Se pencher sur les morts enfouis dans le sol 12
Moi, je pleure tout bas et je ne puis rien croire. 12
Mais, devant la douleur de tout ce qu'il y a, 12
35 Du fond de ma détresse noire, 8
Je veux bien, pour maman, dire : Ave Maria. 12
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