Métrique en Ligne
DLR_7/DLR682
Lucie DELARUE-MARDRUS
A MAMAN
1920
III
EN DEUIL
ENCORE LE NOUVEL AN
Ce visage de tous les jours, 8
Il n'est plus que de l'invisible. 8
Est-il possible ! Est-il possible ! 8
Partout je le cherche toujours 8
5 Allant te dire : « Bonne année ! » 8
Au fond de ton jardin des morts, 8
Oui, malgré cette destinée 8
Éternelle où, sans fin, tu dors, 8
Je croyais, marchant dans la rue 8
10 Où les gens courent aux cadeaux, 8
Devant moi te voir, apparue 8
Avec ton humble petit dos 8
Je voyais ta capote noire, 8
Ton manteau, suivre leur chemin. 8
15 Tu marchais, douce et sans histoire, 8
Et ton parapluie à la main 8
Il y avait un peu de boue, 8
Il faisait tiède doucement. 8
Je répétais : « Maman ! Maman ! » 8
20 Et des larmes cherchaient ma joue 8
Il me faut donc dire : « Jadis ! » 8
Maman si petite et si bonne, 8
Es-tu morte, es-tu morte, dis, 8
Que je te porte une couronne ? 8
25 Es-tu vraiment ce grand tombeau 8
Que je viens visiter sans cesse, 8
Dans ce jardin plein de tristesse, 8
Hélas ! même quand il fait beau ? 8
Nous avons dit tant de paroles 8
30 Et nous nous connaissions si bien ! 8
Et maintenant plus rien, plus rien 8
Qu'un peu de vent dans tes corolles 8
O maman, tombe que voilà, 8
Pierre froide, silence insigne, 8
35 Ne pourrais-tu me faire un signe 8
Qui me fît croire à l'au-delà ?… 8
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