Métrique en Ligne
DLR_7/DLR676
Lucie DELARUE-MARDRUS
A MAMAN
1920
III
EN DEUIL
ILS DISENT…
Ils disent : « Tout le monde, après tout, perd sa mère 12
Ce n'est pas extraordinaire. » 8
Et, devant le regard de leur banalité, 12
On songe : « Oui !… Formalité. » 8
5 Ainsi donc il n'est pas d'éternelle épouvante 12
Au fond de votre âme vivante ? 8
Vos mères, lorsque l'âge a raidi leurs genoux, 12
Sont mortes aussi devant vous ? 8
Ce n'est sans doute pas pour nous la même chose 12
10 — Frêle, humble et jolie, une rose, 8
Rose toujours cachée et toujours parfumant, 12
Voilà ce qu'elle était, maman 8
Rougissante d'avoir en elle tous les doutes, 12
Elle était notre enfant à toutes, 8
15 Et, chacune de nous, l'aimant à sa façon, 12
Lui faisait, je crois, la leçon 8
Si petite au milieu de tant de grandes filles 12
Qui recommençaient des familles, 8
On n'aura jamais su le fond mystérieux 12
20 De son regard aux larges yeux 8
Intimidée et douce, un peu froide, humble et bonne, 12
Était-ce une grande personne ? 8
Quant à moi, je sais bien comme mon cœur se fend, 12
Et que j'ai perdu mon enfant. 8
logo du CRISCO logo de l'université