Métrique en Ligne
DLR_6/DLR658
Lucie DELARUE-MARDRUS
SOUFFLES DE TEMPÊTE
1918
VIII
DEUILS ROUGES
A DES PARENTS
Mourir un jour de mai quand on n'a pas douze ans, 12
Quand on est une heureuse enfant toute dorée !… 12
O parents ! Vous avez l'âme si déchirée 12
Que les mots sont insuffisants. 8
5 Elle vous a quittés, la chère petite âme 12
Qui devait vous bercer lorsque vous serez vieux. 12
Elle vous a quittés, la fillette aux yeux bleus 12
Qui ne voulut pas être femme. 8
Elle qui remplissait toute votre maison, 12
10 Elle va se coucher dans l'étroite ténèbre… 12
‒ Ah ! que tout le printemps en pleine floraison 12
Forme sa couronne funèbre ! 8
Le destin qui conduit en tas nos jeunes gens 12
Là-bas où l'on se bat, où l'on brûle, où l'on pille, 12
15 Pouvait bien vous laisser cette petite fille. 12
Vous n'étiez pas très exigeants. 8
Ainsi l'on va remplir la campagne de cloches 12
Pour ce fragile corps sombré dans le trépas. 12
Les cloches du baptême étaient encor si proches 12
20 Qu'on les confond avec ce glas. 8
… Voilà. Vous n'aurez plus à soigner qu'une tombe. 12
Votre jolie enfant, c'est cela désormais. 12
Pourtant répétez-vous, lorsque le cœur vous tombe, 12
« Elle ne souffrira jamais. » 8
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