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‒ « Je suis, dit-il, l'oiseau de toutes les batailles. |
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Certes, la préhistoire a détesté ma voix ! |
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Mon bec fouilla toujours les humaines entrailles, |
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Et tout ce que j'ai vu déjà, je le revois. |
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Affamé de la chair des hommes, j'ai pu vivre. |
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Assoiffé de leur sang je n'ai cessé d'être ivre. |
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Comme vous prévoyez le pain de chaque jour, |
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Ma race croassante a prévu vos cadavres. |
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N'avez-vous pas portant la musique, l'amour, |
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La science, la poésie, oui, tous ces hâvres ? |
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N'êtes-vous pas ceux-là qui veillez sur la tour ? |
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Or, moi, corbeau, je dis : « Salut à votre tête ! |
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Salut, musique, amour, poésie, art, progrès ! |
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Mais vous vous lèverez au milieu de la fête |
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Pour aller dire à ceux d'à côté : « Je vous hais ! » |
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Vous faut-il donc la mort pourprée et l'incendie, |
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Toute la monstrueuse, absurde tragédie |
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Qui refait de l'histoire et nourrit les corbeaux ? |
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Écoute-moi, poète… Ils sont jeunes et beaux. |
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Ils s'entretuent avec des faces inspirées, |
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Et leurs troupes sans geste et d'avance enterrées |
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Ne peuvent rien souffrir de debout sous le ciel. |
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Écoute-moi, poète, ô toi, qui fais ton miel |
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Parmi toutes le fleurs de la vie où tu passes : |
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Ils sont là tous, les bruns, les blonds, toutes les races, |
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Et chaque race a dit les mains jointes : « Mon Dieu ! » |
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Et c'est cela qui meurt par le fer et le feu ! |
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Science, pensée, art, musique, poésie… |
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La jeunesse au hasard tombe et nous rassasie, |
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Et,quand nos becs gourmands vont fouillant jusqu'au cœur |
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Nous dévorons peut-être un génie en sa fleur. |
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Titubant et gorgé de sang noir et de peste, |
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Si je viens, moi, corbeau tourmenter ces labours, |
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C'est pour me reposer de tant de repas lourds. |
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Que doux sont tes grands champs d'automne où la paix reste ! |
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Mais je vais retourner où l'on se bat. j'ai faim ! |
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Dis-moi donc ta pensée, afin que je la dise |
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Aux mourants dont j'attends patiemment la fin. |
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Si, dans quelque parler que son âme agonise, |
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L'un d'eux était ton frère, en ferveur, en beauté, |
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Que lui transmettre, au bord de son éternité, |
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De la part du penseur, de la part du poète ? |
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De quel mot bienheureux vas-tu bénir sa tête |
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Afin que, loin de tous, ce guerrier meure en paix ? » |
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