Métrique en Ligne
DLR_6/DLR635
Lucie DELARUE-MARDRUS
SOUFFLES DE TEMPÊTE
1918
VII
LA GUERRE
PRINTEMPS
Le printemps avec ses pommiers, 8
Forêt de corail blanc et rose, 8
Brille au fond des prés coutumiers 8
En proie à la métamorphose. 8
5 Dans des coins d'herbe où l'ombre dort, 8
Il y a des contes de fée ; 8
Les minces sources étouffées 8
Font remuer les boutons d'or. 8
Les oiseaux dont tout bois regorge 8
10 Ont mis trois œufs bleus dans leur nid, 8
Et répètent à l'infini 8
Les quelques notes de leur gorge. 8
Le parfum seul autant qu'il peut, 8
Autour de la belle aubépine. 8
15 Au bout des chemins, la colline 8
Montre son léger profil bleu. 8
C'est toi, printemps ! C'est toi, miracle, 8
Rédemption de tout ce qui meurt ! 8
Me faut-il sentir en mon cœur 8
20 Comme une bête qui renâcle ? 8
Je m'en vais, les sourcils froncés, 8
A travers la charmante fête. 8
« Qu'as-tu donc à baisser la tête ?… » 8
Disent les chemins traversés. 8
25 ‒ O pommiers, aubépines roses, 8
Sources, oiseaux, ciel, prés, taillis, 8
O grandes et petites choses, 8
J'ai l'ennemi dans mon pays. 8
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