Métrique en Ligne
DLR_6/DLR630
Lucie DELARUE-MARDRUS
SOUFFLES DE TEMPÊTE
1918
VII
LA GUERRE
INVITATION A JEANNE D'ARC
Mademoiselle Jeanne d'Arc, 8
Sœur à cheval du beau saint Georges, 8
Ne savez-vous pas que nos forges 8
Font mieux que la flèche et que l'arc ? 8
5 O jeune fille capitaine 8
Qui portez le plus beau des noms, 8
Venez voir comment notre haine 8
Tonne et crache dans nos canons. 8
Souffrir pour bouter hors de France, 8
10 Vous avez su le faire, vous ! 8
Vous vouliez user vos genoux, 8
Venez donc voir notre souffrance ! 8
Venez voir, dans les quatre vents 8
D'une incessante et folle foudre, 8
15 Comment ils se laissent découdre, 8
Nos soldats enterrés vivants ; 8
Comment, changés en nids de guêpes, 8
Ils meurent parfois enfumés, 8
Tous ces fils, tous ces bien-aimés 8
20 Pour qui se portent tant de crêpes. 8
Ah ! Certes, au fond du ciel clair 8
Ce n'est plus la voix des archanges, 8
Mais le ronflement des phalanges 8
Sombres des destructeurs de l'air. 8
25 Nous nous gardons à droite, à gauche, 8
Et nous nous gardons au-dessus. 8
Nous sentons partout qu'on nous fauche 8
Sans jamais pouvoir courir sus. 8
L'ennemi, quelque nom qu'il porte, 8
30 Est encore une fois chez nous. 8
A nous, Jehanne aux yeux si doux ! 8
Venez ça lui montrer la porte ! 8
Délivrez-nous comme autrefois, 8
O chaste et furieux fantôme ! 8
35 La France est toujours un royaume 8
Dont tous les Français sont les rois. 8
Adolescente harnachée 8
Qui portez casque de soldat, 8
Nos gens vous salueraient, oui-dà, 8
40 Si vous veniez dans la tranchée. 8
Et lorsque seraient répartis 8
Ceux-là qu'on hait et qu'on méprise, 8
Vous nous diriez : « Adieu, petits ! » 8
Et retourneriez à l'église. 8
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