Métrique en Ligne
DLR_6/DLR617
Lucie DELARUE-MARDRUS
SOUFFLES DE TEMPÊTE
1918
VI
PROPHÉTIQUES
IN EXCELSIS
O poètes passés qui mourûtes jaloux 12
Des aigles et des hirondelles, 8
Vous qui vous épuisez à demander des ailes, 12
Voyez ! Les ailes sont à nous ! 8
5 Après la cathédrale et les arts et les livres, 12
Nous nous sentions devenir vieux. 8
Mais voici de nouveau que nos esprits sont ivres 12
Comme aux temps les plus fabuleux. 8
Plus haut que les clochers et que les cathédrales, 12
10 Plus haut que les flèches des tours, 8
Nous montons, à travers les ciels ardents ou pâles, 12
Et tous les chagrins sont moins lourds. 8
Le grand siècle, c'est nous ! C'est nous la Renaissance 12
La gloire ?… Elle est de notre temps. 8
15 Oui, c'est nous les héros modestes et contents, 12
Oui, c'est nous la plus belle France. 8
Ce que nous avons fait, sans effort, d'un élan, 12
Napoléon n'a pu le faire, 8
Car nous avons conquis, après tout, l'Angleterre, 12
20 D'un simple revers de volant. 8
Nous avons dépassé les bêtes empennées 12
Au creux du plus profond azur. 8
Il n'y a plus d'obstacle, il n'y a plus de mur, 12
Il n'y a plus de Pyrénées. 8
25 Les héros, aujourd'hui, croissent comme des fleurs. 12
Nous pouvons redresse l'échine. 8
Nous possédons enfin l'idéal des rêveurs 12
Réalisé par la machine. 8
Haut la tête ! Écoutons passer le bruit du vol ! 12
30 L'air s'emplit de frissons étranges. 8
Nous avons repeuplé le ciel de ses archanges, 12
Nos pieds ne touchent plus au sol. 8
Et vous, hommes-oiseaux, race forte et légère, 12
Si parfois vous prenez à bord 8
35 L'invisible, fatale et lourde passagère, 12
La compagne sans yeux, la mort, 8
Si du haut du zénith elle vous fait descendre 12
Vertigineusement en bas, 8
Songez que le phénix renaîtra de sa cendre 12
40 Et que vous ne périrez pas, 8
Car, de votre sang clair, surgiront des apôtres 12
Prêts à reprendre votre essor, 8
Et si ce n'est pas vous, ce sont d'autres et d'autres 12
Qui monteront plus haut encor ! 8
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