Métrique en Ligne
DLR_6/DLR614
Lucie DELARUE-MARDRUS
SOUFFLES DE TEMPÊTE
1918
VI
PROPHÉTIQUES
RÊVERIE
Riches de doux trésors, l'espérance et l'amour, 12
Les foules vont bêlant en troupeaux nostalgiques. 12
Quelque soit leur destin les humains sont tragiques 12
Ils savent qu'ils mourront un jour. 8
5 La plus insigne brute est encore divine 12
Près des férocités qui mènent l'animal. 12
Le malaise de vivre est là. Rien n'est banal. 12
Une âme dans tous se devine. 8
Ils travaillent. Parfois ils ont de la gaieté ! 12
10 Poésie, art, musique… Ils chantent ! Quel courage ! 12
Ils ont l'ambition et la méchanceté 12
Parmi les malheurs qui font rage. 8
Ils grouillent en enfer, et beaucoup croient en Dieu. 12
L'espèce, obstinément, répare ses guenilles : 12
15 Sachant ce qu'est la vie ils refont des familles, 12
Et les suicidés sont peu. 8
Comme s'il n'était pas de tremblement de terre 12
Et comme si la foudre avait perdu ses traits, 12
Parmi peste et famine ils inventent la guerre, 12
20 Et s'en vont répétant : progrès. 8
C'est ainsi ! Naturelle ou qu'ils l'aient inventée 12
Tant de douleur les tord jusqu'au jour du trépas 12
Qu« on se demande si, la leur ayant ôtée, 12
Ils ne la réclameront pas. 8
25 O bêtise et génie ! Humains, mes pauvres frères 12
Que j'aime et que je hais si passionnément, 12
Laissez-moi suivre au loin vos cohortes amères 12
D'un éternel étonnement. 8
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