V |
ARRIÈRES-SAISONS |
ALLAH OUAHDOU |
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Un petit cadre étroit garde une feuille d'arbre ; |
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Ce végétal squelette au complexe contour |
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Porte une inscription tracée avec amour |
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En grandes lettres d'or, comme on fait sur le marbre. |
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Pour la feuille, elle vient de quelque vieux tilleul. |
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Mais de quel Al Koran vient la calligraphie ? ? |
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Le grimoire doré, haute philosophie, |
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Ne dit que ces trois mots étranges : Dieu est seul. |
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Dieu est seul !… Je relis sans cesse ces paroles. |
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Leur effroyable sens m'apparaît peu à peu. |
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Ces lettres d'or arabe, énergiques et molles, |
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Je les vois sur mon mur courir en traits de feu. |
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Dieu est seul… Les soleils sifflent comme des frondes. |
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Dieu est seul… Au-dessus de la création, |
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Regardant tournoyer les milliards de mondes, |
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Tout puissant, éternel, splendeur, perfection, |
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Rien pour Lui ne finit, rien pour Lui ne commence, |
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Il ne peut donc goûter le désir ni l'espoir. |
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Il siège à l'abandon au sein d'un vide immense. |
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Quel égal, près de Lui, pourra jamais s'asseoir ? |
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Parmi toute la vie autour de Lui jetée, |
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Qu'est-il à sa hauteur ? Ni le mal, ni le bien. |
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Dieu est seul ! Dieu est seul !… Il ne peut croire en rien, |
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Car, étant Dieu, c'est Lui le vrai, le seul athée. |
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… Nous avons plaint Satan, l'archange ravagé, |
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Qui va, traînant le faix de ses deux ailes sombres. |
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Mais, dans l'horreur des lois, des rythmes et des nombres, |
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La tristesse de Dieu, qui donc y a songé ? |
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