V |
ARRIÈRES-SAISONS |
TOMBEAU |
|
Je t'ai fait un tombeau de ces bois roux que j'aime |
12 |
|
Et que tu chérissais, père, de ton vivant. |
12 |
|
Quand j'y vais chevaucher, ta voix douce elle-même |
12 |
|
Me caresse à travers le vent. |
8 |
|
5 |
Je regarde, partout où je passe et repasse, |
12 |
|
Si je n'aperçois point la trace de tes pas, |
12 |
|
Car l'automne venu a ramené la chasse, |
12 |
|
Et tu dois m'attendre là-bas. |
8 |
|
|
Je vais te rencontrer dans la splendeur nocturne, |
12 |
10 |
Au détour du sorbier ou du rhododendron, |
12 |
|
Ton fusil sur l'épaule, et seul, et taciturne, |
12 |
|
Et penchant toujours ton beau front. |
8 |
|
|
Voici le velours brun de ta veste, tes guêtres, |
12 |
|
Tes chiens autour de toi… Oui, je sais, tu rêvais, |
12 |
15 |
Et tu ne pensais plus, sous la douceur des hêtres, |
12 |
|
Au gibier que tu poursuivais. |
8 |
|
|
Le pourpre couchant meurt parmi l'automne rose. |
12 |
|
Me voici devant toi. ‒ Bonsoir !… dis-je d'abord. |
12 |
|
Ensuite : ‒ As-tu tué par ici quelque chose ?… |
12 |
20 |
‒ Non, dis-tu. C'est moi qui suis mort. |
8 |
|