Métrique en Ligne
DLR_5/DLR536
Lucie Delarue-Mardrus
PAR VENTS ET MARÉES
1910
CHEZ NOUS
L'HORLOGE
Notre vieille maison a pour cœur-cette horloge 12
Dont le lourd battement se perçoit de partout. 12
Dans le coin où, vétuste et cirée, elle loge, 12
Elle a l'air d'un cercueil de chêne tout debout. 12
5 Au lieu du poussiéreux silence d'un musée 12
Il lui faut parmi nous servir comme autrefois. 12
Mais elle sonne encor d'une très bonne voix, 12
Notre horloge grand'mère à boiserie usée. 12
Dans son intérieur, le jeu des poids pendants 12
10 Donne une étrange vie à cette chose morte, 12
Et toujours on voudrait en entr'ouvrir la porte 12
Pour savoir si le diable est accroupi dedans. 12
Ne découvre-t-on pas quelque sorcellerie 12
En son indifférent et précis va-et-vient ? 12
15 Elle bat la mesure, ou qu'on pleure ou qu'on rie, 12
A l'âge d'aujourd'hui comme à l'âge ancien. 12
Pris dans cet engrenage et son rythme funèbre, 12
Écoutons ! Le tic tac qui ronge nos printemps 12
Nous rapproche toujours de l'ultime ténèbre… 12
20 — Notre horloge de chêne est le cercueil du temps. 12
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