Métrique en Ligne
DLR_5/DLR517
Lucie Delarue-Mardrus
PAR VENTS ET MARÉES
1910
CINQ POÈMES POUR LA FRANCE
I
INITIATION
J'avais dit au revoir avec indifférence 12
À des horizons trop pareils. 8
Le loin nie faisait signe et j'ai vu ses soleils. 12
Et je n'aime plus que ma France. 8
5 D'avoir tant soupiré vers ses feuillages frais, 12
Vers sa lumière tempérée, 8
Ma passion pour elle en mon cœur est entrée 12
En même temps que mes regrets. 8
Ceux-là se guériront par le lointain voyage 12
10 Qui n'aiment pas leur horizon. 8
On en revient mûri de cœur et de raison, 12
Ayant un peu plus que son âge. 8
Pars au loin ! Le soleil bande son plus grand arc, 12
'Le froid darde ses pointes sèches. 8
15 Alors, dans ton esprit criblé de tant de flèches, 12
Ta France s'offre comme un parc. 8
Parc d'ombre et de repos. Sous le feu, sous la glace 12
Nous' nous sentons d'un autre sang. 8
O langage natal, que doux est ton accent, 12
20 O France, notre unique place ! 8
Par la pensée et l'art et le cœur et la peau, 12
Je suis fille de ma patrie. 8
Puissé-je aimer toujours, d'une âme enfin mûrie, 12
Les trois couleurs de mon drapeau ! 8
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